Quand on ne se reconnait plus

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Deux dames qui sourient
Dre Mélissa Guindon et Annic Grondin

L’an dernier, Annic Grondin, spécialiste en apprentissage à l’Institut du Savoir Montfort, a vécu une dépression et elle a dû quitter l’hôpital pendant neuf mois.

« Ça faisait un petit bout de temps que je ne me sentais pas bien, mais un jour, je me suis juste effondrée, » se souvient-elle.

Ce n’était pas une première pour Annic, qui a vécu sa première dépression en tant qu’adolescente.

« J’avais espoir que ça ne m’arriverait plus, je ne voulais vraiment pas m’effondrer. J’ai déjà eu des dépressions profondes et quand j’ai ça, je ne me reconnais pas. En temps normal, je suis une personne très sociale, mais quand je fais une dépression, j’ai peur des gens, je m’isole, je ne peux plus me concentrer. J’ai peur d’assister à des réunions. Je ne suis plus capable de rien faire. Je voudrais être invisible. Pour moi, c’est ça mes symptômes… »

Pour donner une idée de la façon dont elle se sentait, Annic explique que « si on pouvait me couper les deux jambes et me promettre que je n’aurais plus de dépression, je l’aurais fait. Tu as tellement mal que tu ne sais plus quoi faire. »

« Dans mon arbre généalogique, beaucoup de branches et de feuilles sont tombées en raison de problèmes de santé mentale comme la dépression, » constate Annic. « Je dis toujours que je suis en rémission. »

Annic se compte hyper chanceuse malgré le fait qu’elle soit aux prises de cette maladie, parce qu’elle est très bien entourée par sa famille, et surtout par son mari.

« Une chance qu’ils sont là, parce que sinon, moi je ne le serais plus, ou je serais mendiante dans la rue parce que quand ça m’arrive, je perds tous mes moyens, » ajoute-t-elle.

À sa dernière dépression, Annic a eu une médecin incroyable, Dre Mélissa Guindon, médecin de famille à Orléans et médecin en réadaptation à Montfort.

« Dre Guindon, c’est mon héroïne dans tout ça, elle m’a sauvé la vie, » affirme Annic.

« Même le simple geste d’appeler pour prendre un rendez-vous c’était pénible pour moi. Son bureau a retourné mon appel en un clin d’œil. Dès que je suis arrivée, j’ai senti qu’elle s’occupait de moi et qu’elle prendrait le temps que ça prendrait. Elle ne m’a jamais fait sentir comme si j’étais juste une autre de ses patientes qui prenait du temps dans son horaire chargé. Le fait qu’elle a cru dans mon rétablissement, quand moi je n’y croyais pas, son empathie, son calme, son assurance et sa bonté ont contribué à mon rétablissement. Je ne me suis jamais sentie jugée ou incomprise. »

Pour Dre Guindon, c’est important pour les médecins de confirmer aux patients que leurs symptômes sont réels, de leur offrir du soutien, de leur dire qu’ils ne sont pas seuls à vivre ceci, de les féliciter d’être venus en parler avec eux et de les rassurer qu’ils sont là pour les aider. « On peut aussi les encourager à faire plus d’activité physique, à essayer de mieux manger, à en parler avec leur entourage et à un psychologue », explique Dre Guindon. « Tout ça peut être bénéfique à leur santé mentale. Au besoin, si les choses ne progressent pas dans la bonne direction et que la personne continue à se sentir triste, on peut aussi avoir recours à la médication. »

Dre Guindon offre également des suivis rapprochés à ses patients qui font une dépression pour s’assurer qu’ils vont bien et être à leur écoute.

Les signes précurseurs chez quelqu’un de dépressif peuvent varier d’une personne à l’autre, mais « souvent, il peut y avoir de la fatigue, un manque d’énergie, de l’isolement, de la difficulté avec la concentration; des fois, il peut aussi y avoir des symptômes physiques comme des nausées. On arrête aussi de faire des choses qu’on aime, comme des activités sociales ou sportives. »

Comment pouvons-nous aider les gens de notre entourage qui ne sont plus eux-mêmes?

« Il faut commencer par être honnête avec eux et leur dire qu’on a remarqué qu’ils n’ont pas l’air bien. Des fois les gens ne le remarquent pas par eux-mêmes, » suggère Dre Guindon. « C’est important d’être là pour eux et d’avoir une oreille attentive s’ils veulent en parler. S’ils ne sont pas prêts à en parler avec vous, vous pouvez aussi leur suggérer d’en parler avec leur médecin ou un psychologue. »

Si quelqu’un vous dit qu’il fait une dépression, comment devriez-vous réagir?

« En premier, il faut ouvrir la porte à la discussion en lui demandant ce qui se passe ou comment elle se sent, par exemple. Je pense que l’écoute c’est une des meilleures choses, mais c’est aussi important de les diriger vers un professionnel de la santé, tout en restant là pour eux durant le processus. »

Selon Dre Guindon, « c’est important de déstigmatiser la dépression, ça arrive à beaucoup de gens et c’est important d’en parler, comme le fait Annic ici. C’est important de ne pas se sentir coupable. Ça peut prendre beaucoup de temps à revenir à soi-même. »

À l’avenir, Annic se met au défi de se garder au sommet de sa liste de priorités. « J’ai une tendance à mettre les autres et mon travail avant moi-même. Je veux toujours donner mon 100 % et j’ai de la difficulté à dire non, mais des fois, il faut le faire. Ma santé est ma priorité. »

Annic encourage les gens à être à l’écoute de leurs proches et de leurs collègues quand ils disent qu’ils en ont trop ou qu’ils ne sont plus capables.

« Ça peut arriver à n’importe qui. Soyez à l’écoute des signes des gens de votre entourage, » conclut Annic. « Si vous ne les reconnaissez plus, il est probable qu’ils ne se reconnaissent plus également. »


Le 11 mai dernier, 180 membres du personnel et une vingtaine de patients de Montfort ont marché pour augmenter la sensibilisation et réduire la stigmatisation au sujet de la santé mentale. Ensemble, nous avons marché 162,5 km!

Participants à la marche Je ne me reconnais pas
Participants à la marche Je ne me reconnais pas

Au courant de l’année, gardez l’œil ouvert pour d’autres activités de la campagne Je ne me reconnais pas. Vous pouvez également visiter la page Santé mieux-être au Portail Montfort pour plusieurs ressources.

Gabrièle est conseillère avec l'équipe des communications à Montfort depuis 2013. Quand elle n'est pas en train d'écrire pour le Journal Montfort, vous pourrez surement la retrouver sur un terrain de volleyball, dans la cuisine avec ses filles, à une réunion de famille/d'amis ou en chemin vers sa prochaine escapade.