Faire face à la différence : mon témoignage

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Ne pas en parler, ça ne veut pas dire que ça n’a pas été vécu ; ça prouve simplement notre capacité de résilience à passer à travers.

Mon nom est Judith Makana. Je fais partie du Comité contre le racisme et pour l’équité, la diversité et l’inclusion (CRÉDI), à Montfort.

Je vous livre mon témoignage, aujourd’hui, dans l’espoir de faire germer des semences pouvant faciliter de vraies discussions, et nous exposer, comme grande famille Montfort, à d’autres perspectives.

Vous avez peut-être déjà lu certains de mes textes dans ce journal. C’est avec plaisir que je vous en présente un autre – bien personnel… faire face à la différence.

Les lignes qui suivent, ce sont des situations que j’ai vécues.

En classe

Cette conversation a eu lieu durant mes parcours universitaires au Canada – j’ai fréquenté deux universités différentes.

Des collègues de classe et enseignants, faisant allusion à certains cours théoriques : « Comment ça se fait que tu connaisses tant de choses ? »

« Peut-être parce que je prends le temps d’étudier ?! » répondis-je.

« C’est surprenant ! »

Judith, lors de la cérémonie des grades pour sa maîtrise à l’Université d’Ottawa

Dois-je mentionner que l’anatomie, la physiologie et la pathophysiologie sont pareilles, quelle que soit la langue d’apprentissage ?

S’il n’y avait pas tant de péripéties au sujet de l’intégration des professionnels de la santé formés à l’étranger dans le système de santé canadien, je n’aurai peut-être pas eu à « justifier » ma réussite.

D’après vous, quelle était la motivation derrière les propos « C’est surprenant ! » ?

Au travail

La situation suivante s’est produite dans le cadre de mon travail – et des emplois, j’en ai eu plusieurs.

« J’ai besoin d’aide avec mes outils de travail », demandais-je.

Le technicien : « Vous n’avez qu’à suivre les étapes mentionnées. »

« Oui, j’ai suivi les étapes, mais il y a forcément quelque chose qui ne fonctionne pas. »

Le technicien, après m’avoir posé plusieurs questions auxquelles j’ai répondu : « Je ne suis pas vraiment expert en la matière et mon collègue est en pause… de quel pays venez-vous ? »

« Est-ce que ça aurait changé le service que vous m’auriez donné ? » répliquais-je.

« Non, parce que vous n’avez pas d’accent… »

Je vous rappelle que c’était une conversation téléphonique.

D’après vous, quelle était la véritable pensée derrière cette question ? et quel était le lien avec la raison de mon appel ?

Avec des collègues

Il y a quelques années, j’ai obtenu un poste d’éducatrice clinique à la suite d’un affichage en bonne et due forme, et d’une entrevue d’une heure incluant une présentation, comme pour toutes mes collègues qui avaient aussi postulé.

Judith, dans son rôle d’éducatrice clinique

Lors de tournées avec ma directrice, qui me présentait aux différentes unités de soins, elle recevait des questions – en ma présence, et plus d’une fois – à savoir « s’il s’agissait d’un poste temporaire ». Lorsqu’elle répondait qu’il s’agissait d’un poste permanent, le non verbal des interlocuteurs en disait long.

Parfois, c’étaient des commentaires du genre : « j’espère qu’on la verra plus souvent à l’étage que dans son bureau » – bureau que je n’avais même pas encore, car je venais du terrain.

Est-ce que j’ai mentionné que le poste était affiché en bonne et due forme, et que j’ai passé l’entrevue comme il se devait ?

Il m’a été reproché, plus tard, d’être trop souvent sur le terrain, comme éducatrice clinique. Trouvez l’erreur…

D’après vous, quelle était la véritable inquiétude derrière ces questions et commentaires ?

« Comment ça se fait que tu connaisses tant de choses ? »

Je suis fière de faire partie de la grande famille Montfort, et je crois que chaque employé de l’hôpital aime son travail et donne son possible pour notre but ultime : offrir d’excellents soins à nos patients, tout en vivant ensemble et équitablement nos valeurs.

Voilà ce pour quoi le Comité contre le racisme et pour l’équité, la diversité et l’inclusion lutte, et sollicite votre collaboration… pour un environnement positif, où il fait bon se côtoyer.

Pensons-y… pour bien vivre ensemble !

Lisez aussi Je suis noir : mon témoignage et Mois de l’histoire des Noirs : l’occasion d’en parler


Facing the difference: my testimony

Not talking about it doesn’t mean we haven’t experienced it; it just proves our resilience to get through it.

My name is Judith Makana. I am a member of the Committee Against Racism and for Equity, Diversity and Inclusion (CREDI) at Montfort.

I am sharing my testimony with you today in the hope that it will sow seeds that can facilitate real discussions and expose us, as a large Montfort family, to other perspectives.

You may have already read some of my texts in this journal. It is with pleasure that I present you with another one – quite personal… facing the difference.

The following lines are situations that I have experienced.

In the classroom

This conversation took place during my university years in Canada – I went to two different universities.

Some of my classmates and teachers, referring to some of the lectures: « How come you know so much? »

« Maybe because I take the time to study?!  »I replied.

« That’s surprising! »

Should I mention that anatomy, physiology and pathophysiology are the same, regardless of the language of instruction?

If there weren’t so many difficulties about integrating internationally educated health professionals into the Canadian health care system, I might not have had to « justify » my success.

What do you think was the motivation behind the words “That’s surprising!”?

In the workplace

The following situation occurred in my work – and jobs, I’ve had several of them.

« I need help with my work tools, » I asked.

The technician: « Just follow the steps mentioned. »

« Yes, I followed the steps, but something must be wrong. »

The technician, after asking me several questions to which I answered: « I’m not really an expert on the subject and my colleague is on a break… what country are you from? »

« Would it have changed the service you would have given me?  »I replied.

« No, because you don’t have an accent… »

I remind you that it was a telephone conversation.

In your opinion, what was the real thought behind it? And what was the connection with the reason for my call?

With colleagues

A few years ago, I was offered a position as a clinical educator following a formal posting and a one-hour interview including a presentation, as for all my colleagues who had also applied.

While my director was introducing me to the various care units, she would receive questions – in my presence, and on more than one occasion – as to « whether this was a temporary position ». When she answered that it was a permanent position, the non-verbal responses of the people she spoke to said a lot.

Sometimes it was comments such as « I hope we’ll see her more often on the unit   than in her office » – an office I did not even have yet, because I was a frontline nurse.

Did I mention that the position was properly posted, and that I had gone through the interview properly?

I was later told that, as a clinical educator, I was doing too much beside work. Find the mistake…

What do you think was the real concern behind these questions and comments?

“HOW COME YOU KNOW SO MUCH?”

I am proud to be part of the great Montfort family, and I believe that every employee at the hospital loves their job and work hard to achieve our ultimate goal: to provide excellent care to our patients, while living our values together and fairly.

This is what the Committee Against Racism and for Equity, Diversity and Inclusion is fighting for, and asking for your collaboration… for a positive environment where it feels good to live together.

Let’s think about it… to live well together!

Judith Makana
Judith travaille à Montfort depuis 2008, d'abord comme infirmière de chevet et maintenant comme conseillère à la pratique professionnelle (en passant par éducatrice clinique, commis, préposée et aide-soignante). Dans ses temps libres, Judith bouffe des films d'action (Jason! Jean-Claude!), après quoi elle retrouve le calme en allant marcher dans les rues de son quartier.