Former la relève en santé en français, c’est dans notre nature, à Montfort. Ça fait partie de notre quotidien depuis des décennies. Au fil du temps, ce sont d’innombrables futurs professionnels qui sont passés entre nos murs pour y acquérir des connaissances, de l’expérience, une expertise.
Malgré cela, il manque encore des pièces à notre casse-tête pour qu’il soit complet. Un de ces morceaux, c’est de pouvoir former de futurs pharmacien(ne)s en français, grâce à un programme d’ici – et non à l’extérieur de la province.
C’est précisément ce morceau qu’une équipe s’affaire à construire depuis des années déjà : un programme de doctorat de premier cycle en pharmacie en français.
Découvrez ce que nos collègues Dre Manon Denis-Leblanc, Christine Landry, Pierre Thabet et Sydney Morin ont à dire au sujet du développement de ce programme francophone novateur.
Dre Manon Denis-LeBlanc
Quel est votre rôle dans le développement du programme ?
« Mon implication dans la création de l’école de pharmacie se situe à un assez haut niveau », explique la Dre Manon Denis-LeBlanc, médecin à Montfort et vice-doyenne aux affaires francophones de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. En plus de trouver et assurer le financement du programme, elle a vu à jeter les bases de l’initiative : « J’ai été responsable de constituer l’équipe qui allait être capable de mettre sur pied le programme de PharmD. »
Dre Denis-LeBlanc a su réunir des joueurs clés pour le projet au sein d’un groupe de travail, composé de :
… ainsi qu’un groupe consultatif, comportant des gens de Montfort :
Un patient partenaire se joindra sous peu au groupe. |
Dre Denis-LeBlanc ne s’en est pas tenue à la constitution du groupe de travail et du comité consultatif – au contraire ! « C’est aussi mon rôle de mener ces rencontres-là et de rapporter et publiciser les travaux du groupe de travail auprès du reste de la Faculté, de l’Université, et éventuellement des instances gouvernementales. »
Dre Denis-LeBlanc s’implique également dans la création d’une école des Sciences pharmaceutiques. « Il y a le programme de PharmD qu’on va offrir, mais celui-ci a besoin d’une maison au sein de la Faculté de médecine, » explique-t-elle. « C’est pour ça qu’on souhaite créer une école des Sciences pharmaceutiques, ce qui devrait être approuvé par le Sénat de l’Université prochainement. »
Si ce projet fascine autant la médecin de famille, c’est qu’on parle de langue – notre langue. « Bien sûr, je m’implique par mon rôle de vice-doyenne, mais aussi en tant que personne », dit-elle. « J’ai vraiment à cœur d’offrir des soins de santé aux francophones – en commençant par ma région, mais pour tout le Canada également – parce que je vois, comme médecin de famille, le besoin et la facilité des gens de communiquer dans leur langue, qui n’est pas toujours la même que celle de l’intervenant. »
« Même si on est bilingue, les mots médicaux ne sont pas des mots qu’on utilise dans notre langue seconde tous les jours », explique-t-elle. « Alors, le fait de pouvoir s’exprimer dans sa langue est vraiment très très important pour moi. »
Que représente pour vous l’opportunité de participer à cette initiative ?
« C’est évident que Montfort joue un rôle de premier plan dans la livraison de ce programme-là, qui va être offert uniquement en français » raconte-t-elle. « On a une expertise remarquable au niveau de la pharmacie. C’est un petit bijou caché, selon moi.
Dre Denis-LeBlanc conclut avec confiance : « le projet de l’école des Sciences pharmaceutiques et du programme de PharmD est probablement l’un des meilleurs projets sur la table à l’Université d’Ottawa en ce moment. Ce sont les mots de directeurs qui me rapportent ceci constamment, et je dois dire que je suis d’accord ! C’est la quatrième tentative pour créer un programme de PharmD à l’Université d’Ottawa et comme je dis si souvent, cette tentative-ci, c’est la bonne. »
Christine Landry, pharmacienne
Quel est votre rôle dans le développement du programme ?
« J’ai un rôle un peu hybride », explique Christine Landry, pharmacienne à Montfort. « Je suis chargée de projet pour le développement du programme de PharmD, à raison d’une journée par semaine. C’est un prêt de service de Montfort à la Faculté de médecine. » Christine illustre que son rôle consiste à coordonner les activités du groupe de travail en place pour développer le programme. « Le groupe de travail est très actif »s av ajoute-t-elle. « On est en mode “développement concret” du curriculum. »
Que représente pour vous l’opportunité de participer à cette initiative ?
Déjà impliquée au sein de la Faculté comme professeur, Christine y voit là un atout : « J’ai toujours eu un intérêt pour l’enseignement et la pédagogie, et c’est certainement une valeur ajoutée. » Justement, de la pédagogie, il en faut pour concevoir un programme universitaire. « Le curriculum est bâti selon la pertinence et la valeur ajoutée des savoirs essentiels, » explique-t-elle. « On veut s’éloigner de la “couverturite” [la tendance à vouloir tout couvrir] pour se concentrer sur la formation par compétence et l’apprentissage actif, avec une approche “en spirale” [du plus simple au plus complexe]. Nous avons choisi ces éléments clés pour écrire nos principes directeurs, que l’on doit garder en tête en tout temps dans le développement du curriculum et des cours. » C’est ce que Christine appelle « la colonne vertébrale » du programme.
Le groupe de travail a défini sa vision d’un pharmacien gradué du programme. « Il se distingue en étant un pharmacien leader, éducateur et bon communicateur, qui a le souci des minorités et des milieux minoritaires, et qui est impliqué dans sa communauté en étant proactif. »
Pierre Thabet, pharmacien
Quel est votre rôle dans le développement du programme ?
Pierre Thabet est pharmacien à Montfort et membre du comité consultatif pour le futur programme de pharmacie. « J’en fais partie, en grande part, puisque mes expériences récentes valident l’importance et le besoin d’un programme de pharmacie francophone hors Québec, » explique-t-il. « Je suis pharmacien récemment gradué, ayant étudié hors province en anglais avec l’objectif de revenir à Ottawa pratiquer en français. »
« Étant moi-même un récent diplômé, et ayant été grandement impliqué dans les affaires étudiantes, j’apporte au comité la perspective des futurs étudiants autant que celle de pharmacien. »
Que représente pour vous l’opportunité de participer à cette initiative ?
« C’est une opportunité formidable de mettre en vedette l’importance de la francophonie et celle des pharmaciens parmi le domaine d’enseignement médical » ajoute Pierre. « C’est aussi une belle occasion de collaborer avec une vaste équipe dynamique, experte en diverses matières – enseignement, pharmacie, administration et plus encore. »
« L’occasion de m’impliquer dans le développement d’un programme de pharmacie offert en français est une opportunité unique qui me permet de collaborer avec une équipe dynamique, motivée et innovatrice », raconte-t-il. « Quelques années après avoir gradué, je suis chanceux de faire partie de ce projet et de participer activement à l’amélioration de l’offre d’enseignement francophone en pharmacie hors Québec. »
Sydney Morin, résidente en pharmacie
Bien que Sydney Morin ne soit pas impliquée directement dans le développement du programme à ce moment-ci, elle en comprend tout à fait le besoin.
« Je suis la résidente en pharmacie à l’Hôpital Montfort pour l’année 2020-2021 », explique-t-elle. « Je suis présentement la seule résidente en pharmacie en français hors Québec, » ajoute-t-elle. Précisons qu’il n’existe que quelques programmes universitaires francophones en pharmacie au Canada – tous au Québec – et que les places pour les étudiants hors province y sont très limitées.
« Étant Franco-ontarienne, le fait de donner des services en français me tient énormément à cœur. Ayant travaillé dans une variété de milieux en Ontario, incluant des pharmacies communautaires, des unités d’hôpitaux, et une clinique externe, je suis témoin au quotidien du besoin d’offrir des soins et services en français à la communauté francophone. »
« J’ai eu le plaisir de poursuivre mes études en pharmacie en français, mais j’ai eu à étudier à l’extérieur de l’Ontario, car il n’y avait aucune école de pharmacie francophone en dehors du Québec », raconte-t-elle. « Il est important de soutenir la population francophone en Ontario en formant davantage de pharmaciens et de pharmaciennes bilingues. Je suis honorée de participer à cette nouvelle initiative pour favoriser l’accès aux soins et services pharmaceutiques en français aux Ontariens. »
Approuvé depuis l’automne dernier par les instances universitaires concernées, le programme est sur la bonne voie. La première cohorte est prévue à l’automne 2023, ce qui porte Christine à émettre un conseil : « C’est une bonne idée pour les étudiants intéressés par le programme d’y penser dès la prochaine année, surtout quand on parle de prérequis, notamment. »
Vous avez aimé cet article? Lisez Participer à la création d’un programme en français pour les pharmaciens, paru en septembre 2020.
Pour plus d’information sur le développement du programme, lisez l’article Vers un programme de doctorat de premier cycle en pharmacie en français, publié par la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.