Jean Fahmy est bénévole à Montfort depuis plusieurs années; mais saviez-vous qu’il est aussi l’auteur de plusieurs livres, dont certains ont gagné des prix? Son plus récent roman, La sultane dévoilée, a gagné le prix littéraire du Salon du livre de Toronto au début de l’année, et été finaliste pour le prix du livre d’Ottawa. Il nous décrit sa passion pour l’écriture… et le bénévolat.
Ma carrière littéraire a commencé par une décision magistrale de ma mère, dans ma petite enfance: elle me donnait des livres. Elle offrait des jouets à mes frères, et à moi elle offrait des livres. Au début je ne comprenais pas, je me disais « pourquoi elle ne me donne pas une toupie? » Mais elle m’a donné un fantastique goût pour les livres.
Quant à mon intérêt pour les romans historiques, je crois qu’il est apparu quand j’ai commencé à lire les romans d’Alexandre Dumas à l’âge de 12 ans. Quand j’ai lu la fresque de D’Artagnan et les trois mousquetaires, ce roman m’a tellement emballé!
Une lecture intensive, constante, d’œuvres de qualité donne deux résultats remarquables. Premièrement, écrire, ça s’apprend par la pratique de la lecture. Deuxièmement, une fois que vous avez lu des aventures fantastiques à 8 ans, 10 ans, 15 ans… on se dit un matin, tiens j’ai cette histoire fantastique qui me trotte dans la tête!
Quand mes enfants étaient jeunes, avant qu’ils se couchent je leur racontais des histoires que j’inventais au fur et à mesure. Pour une de ces histoires, je leur ai dit « la suite c’est pour demain ». Le lendemain, au lieu d’être au lit à 9h, ils étaient au lit à 7h!
Plusieurs années après, ma femme Adèle (NOTE: Mme Adèle Copti-Fahmy, présidente de l’Association des bénévoles) m’a rappelé que j’avais raconté cette histoire aux enfants qui les avait fait palpiter, pourquoi ne pas l’écrire et l’envoyer à une maison d’édition.
C’est devenu Le désert et le loup, mon premier récit. (J’avais déjà publié certains ouvrages de critique littéraire auparavant.)
Quant à mon premier roman pour adulte, Amina et le mamelouk blanc, j’y ai mis le point final à la fin des années 1980… Je l’ai envoyé à 19 éditeurs, dont 3 ou 4 en Ontario, peut-être 5 au Québec et une dizaine en France. Certains étaient assez cassants dans leur refus… Je l’ai mis dans un tiroir et complètement oublié.
En 1997, un copain a mentionné la maison d’édition l’Interligne, qui à l’époque ne publiait que des ouvrages franco-ontariens. J’ai envoyé mon manuscrit, fin septembre 1997, et à la mi-octobre je reçois un appel pour publier mon roman! J’ai sauté de joie.
L’ouvrage a été publié en 1998 et la cerise sur le sundae, c’est que cet ouvrage qui avait été refusé par 19 maisons d’édition, a été finaliste pour le prix Trillium, le prix littéraire le plus important de l’Ontario.
Je vous raconte ça pour dire que ça ne va pas de soi, des auteurs reconnus ont souvent de la difficulté à se faire publier.
Tous mes romans, sauf mes romans pour jeunes, sont des romans historiques. Ce ne sont pas des essais déguisés en roman, mais des romans qui ont en arrière fond une période historique, un personnage qui m’a « pogné ». Mes personnages inventés croisent de temps en temps un personnage qui a véritablement existé.
Il y a toujours une histoire d’amour dans un roman, sinon ce n’est pas un bon roman! L’amour est le fondement même de l’être humain.
La qualité d’un roman historique, c’est qu’en plus de l’histoire inventée par l’imagination de l’auteur, toutes les références historiques sont absolument fondées, absolument authentiques.
Par exemple, le personnage principal de mon dernier roman est Chagaratt El-Dorr, une femme qui a vécu en Égypte au 13e siècle. On présume de ses origines arméniennes, mais on sait qu’en 1238, elle est devenue la première femme du sultan d’Égypte et de Syrie. La description des croisades de l’époque et les gestes de résistance de Chagaratt sont tout à fait authentiques.
Chagaratt el-Dorr, esclave offerte au calife de Bagdad et devenue en 1238 première femme du sultan d’Égypte et de Syrie, Al-Salih, va connaître un destin remarquable. D’une grande beauté, aussi séductrice qu’intelligente, elle va être l’éminence grise du sultan qui réussira notamment, grâce à elle, à repousser la septième croisade menée par les Francs sous le commandement de Louis IX (saint Louis).
À la mort d’Al-Salih, elle brisera même la loi musulmane ancestrale en accédant au sultanat. Elle sera ainsi la seule femme ayant jamais régné sur un pays arabo-musulman. Mais cette révolution culturelle et religieuse lui attirera des oppositions féroces. Et Chagaratt el-Dorr devra affronter seule l’alliance haineuse de ses nombreux ennemis…
Roman chatoyant, fresque impressionnante qui se déploie entre le Nil et l’Euphrate, intrigues dans le harem, La sultane dévoilée est surtout un grand roman d’amour, un hymne à la liberté et un appel à l’égalité entre les femmes et les hommes. (Source : Les éditions David)
Je crois que dans les moments charnières dans l’histoire de l’humanité – une grande guerre, une révolution, la seule femme à monter sur un trône, etc. – ces moments charnières permettent à l’esprit humain de dévoiler ce qu’il y a de plus fort, de plus solide, de plus digne en lui.
Un autre exemple est mon roman Frères ennemis, qui se passe au Québec et en France durant la première Guerre mondiale. J’y décris un rôle important que les Canadiens-français ont joué dans la guerre, un rôle méconnu.
Je n’ai pas de roman en tête pour le moment. Quand un ouvrage parait, il y a un tourbillon d’activités, de salons du livre, etc… Et la pandémie ne m’inspire pas pour l’instant!
Auteur mais aussi bénévole à Montfort
Je suis bénévole avec les services spirituels de Montfort depuis deux ou trois ans. Avant la pandémie, j’allais faire le tour de quelques étages les samedis matins, pour donner la communion aux gens qui veulent la recevoir.
Dans ce rôle, il faut garder un équilibre entre donner la communion et jaser un peu avec les gens. Certains sont fatigués et ne veulent que la communion, ils n’ont pas d’énergie pour jaser.
Depuis le début de la pandémie, je reste à la maison mais j’écris beaucoup de textes pour des organisations qui aident les démunis dans d’autres pays. Je fais aussi des rencontres par vidéo avec des gens qui ont besoin qu’on leur parle.
C’est essentiel de mettre un peu de son énergie et de son engagement envers la société en utilisant les quelques ressources que la vie nous a donnée.
Pour lire La sultane dévoilée, parlez à votre libraire francophone préféré, allez voir en ligne à http://www.coindulivre.ca/, ou vérifiez auprès de votre bibliothèque municipale.
Il y en a, du talent chez nos bénévoles! Si vous avez aimé cet article, vous aimerez aussi Un premier roman pour Claire, paru dans le Journal Montfort en octobre 2019.