En 2017, la vie de Marie-France Bélair a complètement changé lorsqu’elle a su qu’elle recevrait un nouveau cœur à l’âge de 48 ans. Suzanne Bélair, sœur de Marie-France et infirmière retraitée qui a travaillé à Montfort pendant 33 ans, a accepté de nous raconter l’histoire de sa sœur dans le cadre du mois du don d’organes et de tissus.
D’aussi loin que Suzanne Bélair puisse se souvenir, le cœur avec lequel sa sœur est née n’a jamais fonctionné comme il devrait.
« Marie-France est née avec une malformation cardiaque congénitale en 1969. La tétralogie de Fallot », explique-t-elle. « Elle a toujours eu des difficultés respiratoires et avait un poids anormal en comparaison aux enfants de son âge. Elle a dû avoir plusieurs chirurgies, dont la première deux semaines seulement après sa naissance. »
Pendant les 18 premières années de sa vie, Marie-France et sa mère ont souvent parcouru la route de l’Outaouais à Montréal pour des chirurgies et rendez-vous de suivi à l’Hôpital Sainte-Justine – ces traitements n’étaient pas disponibles en Outaouais ni à Ottawa, à l’époque.
À l’âge adulte, les problèmes cardiaques de Marie-France persistent, et c’est en 2017 qu’elle est enfin placée sur une liste d’attente prioritaire pour recevoir un nouveau cœur. Les médecins étaient arrivés au bout de ce qu’ils pouvaient faire pour l’aider.
« Elle prenait beaucoup de médication et il n’y avait plus de traitements pour elle. Rendue là, elle me disait qu’elle se sentait maganée, qu’elle n’avait plus de force ou d’énergie, que son cœur avait de la difficulté », raconte Suzanne. « Ça lui prenait tout son petit change pour faire quelque chose d’aussi simple que d’aller à l’épicerie. »
Même si Marie-France est placée sur une liste prioritaire, trouver un cœur n’est pas une tâche facile. « Il fallait trouver un cœur de la bonne grosseur pour ma sœur. Tu ne peux pas simplement mettre le premier cœur venu, il en faut un compatible », explique Suzanne. « Son état continuait à se détériorer, et il y avait une possibilité de la placer sur un cœur mécanique si nous n’avions pas un bon cœur à temps – elle aurait donc été hospitalisée jusqu’à temps qu’on trouve un donneur. »
L’appel tant attendu viendra finalement huit mois après que Marie-France eut été placée sur la liste d’attente. Suzanne était alors à Montréal chez une amie. Alors qu’elle avait du mal à s’endormir, elle a reçu un message texte de sa sœur à 3 h du matin.
« Je suis partie de Montréal en pleine nuit pour aller la rejoindre », dit Suzanne. « Elle devait être au campus civic de L’Hôpital d’Ottawa à 6 h du matin pour recevoir son cœur.
Nous nous sommes prises dans nos bras. Elle est sortie vers 19 h et j’ai fondu en larmes lorsque je l’ai vue. Je n’oublierai jamais ce moment. »
Malgré quelques complications à la suite de l’installation du nouveau cœur, l’opération est un succès. Marie-France a droit à une deuxième chance grâce à son nouvel organe.
« Elle est en mesure de tondre le gazon, de marcher avec son chien deux fois par jour, d’aller à la pêche avec son mari, de faire du vélo, de cuisiner – toutes des choses qu’elle ne pouvait pas faire avant de recevoir son nouveau cœur. »
Sans grande surprise, Suzanne croit énormément au don d’organes et de tissus et encourage les gens à en parler avec leurs proches.
« C’est important le don d’organes, ça sauve des vies », témoigne-t-elle. « Avisez les gens autour de vous que vous voulez faire don de vos organes (en cas de décès), et pour les enfants, il faut l’accord des parents. C’est parfois un choix déchirant pour les familles, mais ça peut aider tellement d’autres personnes à avoir une vie plus agréable, saine et normale. »
« Ce sont des années de vie que les receveurs ne pourraient pas avoir sans ces dons. C’est comme si la personne vivait à travers l’autre. Ma sœur a écrit une lettre à la famille de la personne de qui venait son cœur pour les remercier d’avoir fait ce choix, leur dire qu’elle était plus en vie que jamais et qu’elle prendrait bien soin de son cœur. »
Un don d’organe peut sauver jusqu’à huit vies. Pour donner votre consentement ou en apprendre plus, visitez soyezundonneur.ca (en Ontario) ou le site web de la RAMQ (au Québec).
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