Pour associer le bon patient à la bonne infirmière

Retour sur les séances de rehaussement pour les infirmières auxiliaires autorisées

1301

Il y a quelques semaines, une petite équipe s’affairait au solarium du 5C. Sophie Audet et des collègues éducatrices cliniques étaient à mettre en place le matériel nécessaire pour offrir des séances de rehaussement aux infirmières auxiliaires autorisées (IAA) de Montfort.

Étalée sur trois jours, cette activité fut l’occasion pour environ 70 IAA – soit près de la moitié du nombre total à l’hôpital – de parfaire leurs connaissances et leurs compétences, dans l’objectif d’être en mesure d’effectuer certaines tâches qu’elles n’avaient pas souvent l’occasion d’effectuer, ou qui étaient auparavant réservées aux infirmières autorisées (IA).

« On voulait leur montrer toutes les choses qu’elles vont pouvoir faire, mais qu’elles ne faisaient pas souvent, ou qu’elles n’avaient pas le droit de faire. »

Sophie Audet, éducatrice clinique à l’Institut du Savoir Montfort

« Le champ de pratique des IA et des IAA est similaire, à la base », explique Sophie Audet, éducatrice clinique à l’Institut du Savoir Montfort et responsable de l’activité. « La différence, c’est dans l’acuité des patients pris en charge », ajoute-t-elle. « La “recette” qui marchait avant, soit une liste de ce que peuvent faire les IA et les IAA, n’est plus adaptée au contexte actuel où les ressources se font rares. » Ce constat a amené l’équipe de la pratique professionnelle à repenser la distribution des tâches en soins infirmiers en se basant sur le cadre à trois facteurs, proposé par l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario.

Retour à la base

Une étape importante de la réflexion de l’équipe a été de revenir à la base du champ de pratique de l’IA et de l’IAA, qui comporte cinq actes autorisés.

1. Pratiquer les interventions prescrites sous le derme ou sous les muqueuses.
2. Administrer des substances par voie d’injection ou d’inhalation.
3. Introduire un instrument, une main ou un doigt : i) au-delà du conduit auditif externe, ii) au-delà du point de rétrécissement normal des fosses nasales, iii) au-delà du larynx, iv) au-delà du méat urinaire, v) au-delà des grandes lèvres, vi) au-delà de la marge de l’anus, ou vii) dans une ouverture artificielle dans le corps.
4. Délivrer un médicament.
5. Traiter, au moyen d’une technique de psychothérapie appliquée dans le cadre d’une relation thérapeutique, un désordre dont souffre un particulier sur les plans de la pensée, de la cognition, de l’humeur, de la régulation affective, de la perception ou de la mémoire et qui est susceptible de porter gravement atteinte à son jugement, à son intuition, à son comportement, à sa capacité de communiquer ou à son fonctionnement social.

Ensuite, c’est le « cadre à trois facteurs » du Collège des infirmières qui a servi à définir les rôles des IA et des IAA. Cet outil présente les responsabilités que peuvent prendre les infirmières en fonction de l’environnement dans lequel elles se trouvent, ainsi que du type de patient à prendre en charge.

« L’objectif ultime, c’est d’associer le bon patient à la bonne infirmière. »

« Ça permet une meilleure utilisation des compétences des IA et des IAA, et un meilleur partage de la charge de travail », dit Sophie. Comme elle l’explique, certains actes étaient traditionnellement réalisés par une IA. Prenons, par exemple, initier une transfusion ou un médicament intraveineux, insérer un tube naso-gastrique, faire une irrigation vésicale manuelle.

« Ce n’est plus “Est-ce que je peux faire ça ?”, mais plutôt “Pour quel patient est-ce que je peux faire ça ?” »

« Dorénavant, une IAA sera en mesure de complètement prendre en charge un patient en provenance des Soins intensifs, pourvu que le cadre à trois facteurs soit respecté. D’ailleurs, il y aura des IAA aux Soins intensifs également ! » Ce ne sont là que quelques exemples. Consultez le cadre en question, ci-dessous, pour tous les détails.

L’avenir est prometteur

« Il y aura d’autres formations plus spécifiques à certains secteurs, comme en chirurgie, » ajoute Sophie, comparant l’approche à ce que l’on voit déjà au niveau de l’orientation générale infirmière (OGI) et des orientations spécifiques aux divers secteurs.

Une fois qu’on a formé tout le monde, on fait quoi ? « La prochaine phase s’en vient ! » En effet, l’équipe dispose déjà de son plan pour la suite : assigner les bons patients aux bonnes personnes. « Pour ça, il faut former les facilitatrices de soins, les gestionnaires d’activités cliniques, pour que l’assignation des ressources soit optimale », explique Sophie, qui rappelle toutefois que ce genre de transformation de nos façons de faire demande une période de transition, d’adaptation et de collaboration. « On sait que ce ne sera pas parfait tout de suite, mais on y travaille tous ensemble, en équipe. »

Djenéba Sogoré, une des trois personnes gagnantes des laissez-passer pour le Nordik Spa-Nature

Reste que les séances de rehaussement ont assurément fait des heureux. Non seulement trois participants se sont mérité des laissez-passer pour le Nordik Spa-Nature, « les gens sont contents, se sentent valorisés », rapporte Sophie. « Ça va éliminer plusieurs frustrations au quotidien, et en fin de compte, c’est le patient qui en sort le plus gagnant ! »

Il n’a fallu que de quelques heures pour que des témoignages parviennent aux oreilles de l’éducatrice clinique. Naima Fatah, quant à elle éducatrice au 6 C, a été porteuse de bonnes nouvelles :

« Une des IAA chez nous vient d’installer un tube naso-gastrique. Elle a reçu sa formation hier ! Elle est toute contente ! Je voulais te partager ce cadeau. »

Martin Sauvé
Martin est directeur des communications, et fait partie de l'équipe Montfort depuis 2014. Quand il n'est pas en train d'écrire pour le Journal Montfort, il est surement en train d'arroser ses nombreuses plantes, ou d'explorer un quartier branché de la ville – ici ou ailleurs...