Je suis noir : mon témoignage

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Ce mois-ci est le Mois de l’histoire des Noirs.

Je commence par essayer de répondre à la question du poète et romancier haïtien Massillon Coicou, au 19e siècle, dans son poème intitulé Complaintes d’esclaves : « Pourquoi donc suis-je n**** ? Oh ! pourquoi suis-je noir ? »

J’avais 8 ans sur cette photo. Nous vivions à la campagne et chaque année, à la rentrée des classes, on se rendait à la capitale Port-au-Prince pour acheter des souliers neufs et nous faire prendre en photo dans un studio. C’était l’un de ces moments inoubliables.

Oui, je suis noir parce que je n’ai aucun contrôle sur ma génétique. Je suis noir parce que Dieu en a décidé ainsi. Je suis noir parce que mes ancêtres viennent tous des entrailles de la Terre d’Afrique et que je n’y peux rien.

Une chose est sûre, c’est que je suis passé par les mêmes étapes de gestation que toutes autres races humaines. Que je sois noir, que tu sois blanc, ça ne devrait changer en rien ma place dans la société dans laquelle on vit.

Ce qui importe maintenant, c’est de pouvoir mettre en lumière ce qui nous dérange et ce qui nous empêche d’avancer, et essayer d’y remédier.

Ce qui dérange, c’est quand mon accent t’indispose.

Ce qui dérange, c’est quand mon nom te fait sursauter.

Ce qui dérange, c’est quand mes cheveux crépus suscitent ta curiosité.

Ce qui dérange, c’est quand je suis bon pour travailler en arrière-plan, même si mes qualifications correspondent à un travail d’avant-scène.

Ce qui dérange, c’est quand je dois travailler deux, même trois fois plus fort que certains pour avoir les mêmes reconnaissances.

Ce qui dérange, c’est quand on parle de moi en « eux autres » par rapport à « nous autres ».

Ce qui dérange, c’est quand on me pousse à bout et que je finis par craquer; on appelle ça de la violence.

Ce qui dérange, c’est quand d’autres craquent et éclatent dans les mêmes circonstances; ça s’appelle de la frustration et ça nécessite de l’accompagnement.

Autant de choses qui dérangent et qui vont continuer de déranger tant et aussi longtemps qu’on ne fait pas quelque chose pour y remédier.

Le Mois de l’histoire des Noirs, c’est le moment idéal pour tout un chacun de réfléchir à quoi faire, le peu soit-il, pour apporter leur grain de sable dans ce grand malaxeur de l’humanité.

Quelqu’un a dit : un chien, un chat, un cheval ne peuvent être rien d’autre que des animaux. Seul l’homme a un choix.

À nous de décider ce qu’on veut être.

Bon Mois de l’histoire des Noirs.

Lisez aussi Mois de l’histoire des Noirs : l’occasion d’en parler et Faire face à la différence : mon témoignage


I am black: my testimony

This month is Black History Month.

I begin by trying to answer the question posed by the 19th century Haitian poet and novelist Massillon Coicou in his poem Complaintes d’esclaves: “Why am I n****? Oh! why am I black?” (free translation)

Yes, I am black because I have no control over my genetics. I am black because God has decided so. I am black because my ancestors all come from the entrails of the Earth of Africa and I can do nothing about it.

One thing is for sure, I went through the same stages of gestation as all other human races. Whether I am black or you are white should not change my place in the society in which we live.

What is important now is to be able to bring to light what is bothering us and what is preventing us from moving forward, and to try to find remedies to it.

What bothers is when my accent disturbs you.

What bothers is when my name startles you.

What bothers is when my frizzy hair sparks your curiosity.

What bothers is that I’ m good at working in the background, even though my skills qualify for front stage work.

What bothers is when I have to work two, even three times harder than some people to get the same recognition.

What bothers is when people talk about me as « them » versus « us ».

What bothers is when I’m pushed to the limit and I end up cracking up; that’s called violence.

What bothers is when others crack and break under the same circumstances; it’ s called frustration and it requires support.

So many things that bother and will continue to bother as long as we don’t do something about it.

Black History Month is the perfect time for everyone to think about what they can do, however little, to bring their grain of sand into this great blender of humanity.

Someone said: a dog, a cat, a horse can be nothing but animals. Only a man has a choice.

It is up to us to decide what we want to be.

Happy Black History Month.

Pierre Mercy
Pierre est infirmier auxiliaire à Montfort depuis 2006. Reconnu pour son entre-gens par tous ceux qui le connaissent, il adore l’été ; parce que quand il ne travaille pas, il passe son temps dans ses platebandes – qui sont l’attraction du voisinage !