Voyage en Suisse avec des jeunes diabétiques

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Le 9 octobre 2012, une infirmière à l’Urgence du CHU Sainte-Justine m’a dit : « ma grande, tu fais du diabète ».

Du haut de mes 14 ans, je n’étais pas vraiment consciente de ce que l’infirmière venait de m’annoncer.

Cela faisait quelques mois que mes parents avaient remarqué des changements chez moi. Je buvais excessivement d’eau, j’allais aux toilettes aux cinq minutes, j’avais perdu du poids et ma vue s’était détériorée de façon hyper rapide. Suite à mon diagnostic, j’ai dû porter des lunettes du genre « fonds de bouteille » jusqu’à ce que mon taux de sucre se stabilise… Un look à la Hi! Ha! Tremblay.

J’ai passé deux semaines à l’Hôpital Sainte-Justine pour apprendre tout ce qu’il fallait sur le diabète de type 1. Je me souviens avoir été surprise de ne retrouver personne de mon âge dans la pièce. Les deux autres enfants nouvellement diagnostiqués avaient deux ans et six ans.

J’appris plus tard que peu nombreuses sont les personnes qui reçoivent un diagnostic tardif du diabète de type 1. Mon suivi médical s’est fait à Sainte-Justine jusqu’à ce que j’aie 18 ans.

Je rencontrais mon endocrinologue assez régulièrement pendant la première année. Lors d’une visite, pendant que ma mère et moi attendions dans son bureau, nous avons remarqué une affiche sur le mur avec un gigantesque avion en plein milieu. Intriguée, je me suis approchée et j’ai lu l’affiche à ma mère: « Voyage-Échange en Suisse pour jeunes adultes insulinodépendants ». Nous avons alors pris les coordonnés de l’organisation JAID Québec. Après quelques échanges de courriels et des coups de téléphone, je faisais maintenant partie d’une équipe de jeunes diabétiques se dirigeant vers la Suisse en 2014.

Genève en Suisse

Pendant une année complète, nous étions environ 12 jeunes Québécois à amasser des fonds pour ce voyage.

Non seulement nous allions nous envoler en Europe, mais nous allions aussi rencontrer d’autres jeunes, comme nous. Chaque mois, nous avions des visioconférences avec les 12 jeunes diabétiques suisses qui participaient à l’échange. Chacun d’entre nous était jumelé à l’un d’eux et nous allions être hébergés par leurs familles en Suisse. Même chose lorsque ceux-ci allaient venir au Québec.

Donc en tout, nous avons passé deux semaines tous ensemble, à faire de multiples activités, apprendre à se connaître, voir comment chacun gère son diabète, etc.

En Suisse, nous avons visité Genève et avons même allumé le jet d’eau haut de 140 mètres, qui est très populaire là-bas. Lors de notre première journée, nous sommes allés visiter le Musée international de la Croix-Rouge. Nous en avons beaucoup appris sur la Croix-Rouge elle-même, mais aussi sur les interventions que l’organisation a pu faire au fil des années.

Nous sommes allés visiter un château et y avons mangé de la fondue au fromage et nous sommes monté jusque dans un chalet situé sur Les Diablerets, montagne des Alpes bernoises. La vue était à couper le souffle!

Nous avons aussi visité le CERN, qui est l’un des centres de recherche nucléaire le plus avancé au monde. La grandeur des installations était impressionnante. Ironiquement (pour des diabétiques), nous sommes aussi allés visiter l’usine de chocolat Nestlé et je dois dire que le chocolat était franchement délicieux!

Notre séjour pris fin et c’était maintenant l’heure de revenir au Québec. Nous avons aussi fait différentes activités afin de faire découvrir notre coin de pays à ces jeunes Suisses. Nous sommes allés à la Ronde, au Village Québécois d’Antan, à Mont-Tremblant, dans le vieux port de Montréal et aux glissades d’eau de Pointe-Calumet. Ces activités nous semblaient bien banales, mais pour nos visiteurs, ce fut tout aussi impressionnant que lorsque nous étions dans leur pays.

Ce voyage a été non seulement un des plus beaux voyages que j’ai pu faire jusqu’à présent, mais aussi une occasion pour moi de dédramatiser le fait d’être diabétique. Pendant plus d’un an, j’ai côtoyé des jeunes qui vivaient la même réalité que moi.

Parler avec des gens qui comprennent réellement ce que tu vis, ça a un petit côté rassurant.

Je continue de m’impliquer avec JAID Québec en siégeant à le conseil d’administration. Nous essayons de d’aider les jeunes diabétiques à mieux vivre avec cette maladie et de leur faire comprendre que même si nous avons une maladie, nous avons la chance de pouvoir être traités et de pouvoir continuer à mener une vie normale. Encore aujourd’hui, je suis en contact avec ces jeunes, avec qui j’ai tissé des liens solides.

Pour ma part, ce serait mentir de dire que le diabète est la pire chose qui me soit arrivée. En regardant un peu derrière moi, je vois tout le chemin que j’ai pu faire en apprenant à vivre avec ma condition. Le diabète amène son lot de tracas quotidiens, c’est vrai. C’est une maladie chronique qui restera avec moi pour toute la vie. Il faut que je me donne des injections au minimum quatre fois par jour, ça fait beaucoup en effet.

Malgré ces inconvénients, le diabète m’a aussi appris à avoir une routine bien établie, à me responsabiliser et à prendre soin de ma santé, physique comme mentale.

Parce que oui, l’état émotionnel peut venir influencer les taux de sucre. Selon moi, rien n’arrive pour rien dans la vie et j’avais probablement besoin de ce petit défi pour m’aider à devenir la personne que je suis aujourd’hui.

Quelques jeunes diabétiques ayant participé au voyage en Suisse. Méganne est la deuxième à gauche.

En passant, le 14 novembre est la journée mondiale du diabète et je vous invite à porter du bleu pour cette journée bien spéciale.

Méganne Leblond
Méganne est stagiaire avec l’équipe des communications à Montfort depuis 2019. Quand elle n’est pas en train d’écrire pour le Journal Montfort, elle est surement en train de s’informer sur les nouvelles du sport, de se cacher les yeux devant un film d’horreur, ou d’écouter en boucle les chansons de Fred Pellerin.