Une équipe de Santé mondiale Montfort est de retour du Bénin après des semaines très épuisantes, mais enrichissantes!
Nos étudiants et notre résidente en pédiatrie ont complété leur stage au Bénin. Ils reviennent avec beaucoup d’émotions, de réflexions, de remises en question – je les laisse parler…
Dre Marie-Hélène Chomienne
Un cas de tétanos
Un jeune homme arrive à l’urgence par ambulance. Le patient était rigide, avec trismus et crises paroxystiques de contractions musculaires. Il était diaphorétique, tachycarde, tachypnéique, et utilisait tous ses muscles accessoires pour respirer à travers la guidelle qu’on lui avait placé. Il saturait à 72%. En attendant que la famille aille acheter les médicaments nécessaires nous l’avons laissé, dans une salle remplie de personnes, de bruit, de lumière. Il portait encore le saturomètre et l’ami à son chevet était responsable de garder le masque en place….
Cette réflexion m’aide à comprendre l’importance d’ expliquer les concepts de médecine préventive à mes patients d’origine africaine. Je pourrais également comprendre qu’ils voudraient éviter la salle d’urgence puisqu’au Bénin en tout cas, on croit que si on doit aller aux urgences c’est parce qu’on va mourir.
Un cas de rougeole
L’enfant avait une fièvre importante, l’éruption cutanée typique, une toux, conjonctivite bilatérale, nez congestionné, et une détresse respiratoire sévère – probable complication de pneumonie. L’enfant n’allait vraiment pas bien. Le patient avait été dans la salle d’attente avec plusieurs autres enfants, incluant des nouveaux nés.
La mère avait seulement apporté 5000 francs CFA à l’hôpital avec elle. Ce n’était pas du tout assez pour les soins nécessaires. Elle devait appeler son mari pour apporter de l’argent. Le médecin, en voyant l’état grave de l’enfant, a voulu être très honnête avec la mère pour l’inciter à rapidement appeler son mari pour ne pas avoir de délai de soins.
Des jumeaux pour une nouvelle maman
Une femme ne parlant que le fon ( langue béninoise), première grossesse, une grossesse gémellaire de 33 semaines avec rupture des membranes depuis environ quatre jours. L’échographie démontrait un jumeau en position siège et l’autre en position transverse, en travail actif. La conduite à tenir était de procéder à une césarienne…
J’étais seule, il ne restait plus personne dans la salle d’accouchement. Je remarque le bébé prêt à être expulsé. J’enfile des gants rapidement afin d’accoucher ce bébé… en position siège. J’appelle à l’aide, mais il n’y a toujours personne dans la salle. Je remarque le cordon autour du cou, je l’enlève. Je pose le bébé sur la maman, le sèche, le stimule, en attendant son cri. Il crie enfin. C’est à ce moment que j’aperçois le résident en pédiatrie et la sage-femme entrer et j’appelle à l’aide encore une fois. La sage-femme et moi accouchons ensemble le deuxième bébé.
Plus tard, on m’indique que les deux bébés se portent bien. La maman s’est également bien portée en phase postpartum.
J’ai trouvé la situation frustrante car il n’y avait aucun médecin/ résident qui nous supervisait… j’ai dû vite apprendre comment agir dans une situation non-idéale.
Cette expérience m’a fait penser à mon rôle comme étudiante en médecine au Canada et comment cela diffère de mon rôle en tant qu’étudiante de médecine étrangère au Bénin.
Pas suffisamment d’oxygène
Une patiente âgée de 16 ans hospitalisée pour paludisme grave et possibilité d’infection pulmonaire sous-jacente. Elle était frêle et maigre, manifestement en détresse respiratoire. Elle respirait à un rythme d’environ 60 respirations par minute et sa saturation en oxygène était à 66%. Elle avait besoin d’oxygène. Cependant, chaque cylindre d’oxygène coûte cher à la famille. On a décidé de « rationner» l’oxygène : elle ne recevrait de l’oxygène que pendant une certaine période de la journée.
Hématome épidural frontal et pariétal gauche : jeune accidenté de moto – 19 ans
Malgré son Score de Glasgow de 6 on n’a pas pu intuber le patient… il n y avait pas assez de ventilateurs…l’hôpital avait seulement deux ventilateurs
C’était vraiment triste qu’un patient si jeune se trouve dans une telle condition.
Des choses simples comme les saturomètres, les brassards de sphygmomanomètres, les protections de thermomètres jetables propres, et électrodes ECG sont rares, même aux soins intensifs ou aux urgences. Certes on m’en avait parlé mais de le voir de mes propres yeux m’a donné une meilleure compréhension de combien l’écart est grand. C
Combien avec peu, on peut de grandes choses.
Transfert de connaissances
Les moments où je me sentais le plus utile c’était quand on faisait des programmes d’éducation, par exemple à Ladji et dans les écoles à Colli. Je sentais que je faisais un impact à long-terme, qui autonomisait les Béninois.
Je crois fermement que l’éducation est la manière la plus efficace pour faire une différence. Ces expériences interculturelles m’ont donnée des outils pour soigner des populations diverses, à travers des barrières linguistiques et culturelles.
Nous préparons nos prochaines activités à Djibouti, en Haïti, au Bénin
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Merci!
Santé Mondiale Montfort, Équipe du stage au Bénin 2018
Vous avez aimé cet article? Lisez Montfort se mondialise, paru en février 2018, pour plus d’information.