L’œil vif, la mémoire agile, la poignée de main solide : M. Edgar Gallant a impressionné le personnel du 4C lors de son passage en juillet 2018. C’est d’autant plus justifié que le nonagénaire a contribué à sauver notre hôpital durant l’épisode SOS Montfort, entre 1997 et 2002.
Lorsque l’on entre dans sa chambre, Edgar Gallant dépose le lourd bouquin qu’il est en train de lire : un recueil de lettres envoyées par Nelson Mandela alors qu’il était en prison. « Je viens de terminer un passage formidable, » explique-t-il, « dans lequel Nelson Mandela écrit au ministre de la Justice pour expliquer la terrible situation des populations noires en Afrique du Sud. »
Lui-même francophone natif de l’Île-du-Prince-Edouard, Edgar Gallant continue donc, encore aujourd’hui, à être préoccupé par les droits des minorités.
« Je suis originaire de près de Mont-Carmel, qu’on appelle maintenant la région Évangéline. Oui c’est beau là-bas… l’été! » précise-t-il avec un sourire complice.
Après avoir fait ses études primaires dans les deux langues, il part pour Joliette à l’âge de 13 ans pour suivre son cours classique. « J’ai été chanceux d’avoir une bourse de la Société St-Thomas d’Aquin, qui est la société acadienne de l’Île-du-Prince-Edouard. »
C’est à Joliette qu’il rencontrera celle qui devient son épouse. Après un baccalauréat à l’Université de Montréal, il continue à l’Université Laval en sciences sociales, politiques et économiques.
« Et après trois ans, je suis venu à la fonction publique fédérale. C’était en 1949. Ottawa avait un visage très anglophone à l’époque, mais il y avait du français. »
« J’ai commencé au ministère des Finances, ensuite au Conseil du Trésor, au secrétariat de l’OTAN (alors à Paris), puis à Bruxelles comme sous-chef de la mission du Canada auprès du nouveau marché commun, qui commençait à ce moment-là.
Mes deux derniers postes, c’était à la présidence de la Commission de la capitale nationale, et ensuite à la présidence de la Commission de la fonction publique, de 1976 à 1985. C’était des postes lourds mais très intéressants, pendant des périodes de grands changements. »
La famille Gallant évolue avec sa carrière : « mon fils est né à Ottawa, les jumelles à Paris, la plus jeune à Bruxelles. »
Pour Edgar Gallant, le début de sa retraite en 1986 lui offre plus de temps pour se consacrer à appuyer les minorités francophones à travers le Canada.
« On m’a demandé d’aller aider les provinces, d’abord la Saskatchewan, ensuite le Manitoba et la Colombie-Britannique, pour pouvoir organiser un système scolaire qui réponde aux besoins de leurs minorités, en conformité avec l’article 23 de la Charte des droits et libertés. »
Également préoccupé par les soins de santé des francophones en milieu minoritaire, il est membre du conseil d’administration de l’Hôpital Montfort lorsque la crise SOS Montfort éclate, en 1997.
« C’était un dossier très chaud. Gisèle Lalonde faisait de la publicité et s’occupait des relations politiques et Gerald Savoie s’occupait des négociations avec la commission », se rappelle M. Gallant.
La Commission de restructuration des services ordonne à Montfort de mettre sur pied un réseau sur les services de santé en français pour la région d’Ottawa-Carleton. C’est ainsi que naît, en février 1998, le Réseau des services de santé en français de l’est de l’Ontario, dont le président fondateur est nul autre que M. Edgar Gallant.
« Le bureau du Réseau, on l’a commencé ici même à Montfort! Au début ce n’était pas drôle, il a d’abord fallu trouver une place pour m’asseoir…! Ensuite on a recruté Jocelyne Lalonde, qui a fait un travail extraordinaire. » (Mme Lalonde est par la suite devenue directrice générale du Consortium national de formation en santé.)
« Tous les membres du comité qu’on m’a demandé de présider, c’était toutes des personnes formidables. Donc ma contribution personnelle, en fin de compte, se limite à pas grand-chose… » affirme-t-il modestement. Selon lui, le succès de SOS Montfort, « c’est la contribution de toutes les équipes avec lesquelles j’ai travaillées. »
Au nom de toute l’équipe Montfort, merci M. Gallant pour votre engagement auprès des communautés francophones du Canada et pour votre appui à la campagne SOS Montfort!
M. Edgar Gallant est membre honoraire de l’Association de l’Hôpital Montfort.