Nous sommes au début du mois de février au Québec. Le vent transperce les arbres comme du verre et la neige s’étend à l’infini dans toutes les directions. Quelque part dans les Laurentides, un groupe d’étudiants en médecine sont accroupis dans la neige, leur souffle visible dans l’air glacé, leurs mains gantées travaillant rapidement. Devant eux se trouve un mannequin de simulation réaliste, retiré il y a quelques instants d’un lac gelé. Hypothermie, arrêt cardiaque, le temps passe.
Il ne s’agit pas d’un stage ordinaire. Il s’agit du stage de médecine en milieu sauvage, une collaboration entre l’Institut du Savoir Montfort et l’Université d’Ottawa. Une initiative audacieuse et immersive conçue pour préparer les futurs professionnels de la santé au type de médecine imprévisible et à fort enjeu qui se déroule là où les signaux GPS s’estompent et où les ambulances ne se rendent pas.
Pendant plusieurs jours à Cantley et dans les Laurentides, les étudiants ont été confrontés à une série de scénarios intenses et pratiques :

- Un grimpeur suspendu à une paroi rocheuse gelée, qu’il faut stabiliser et secourir avec des outils limités.
- Une personne ensevelie dans une avalanche, dont l’emplacement n’est indiqué que par le bip d’un émetteur-récepteur, mettant à l’épreuve la vitesse, la coordination et la réaction des étudiants face à un traumatisme grave et au manque d’oxygène.
- Un groupe perdu dans la forêt dense de l’hiver, avec des cas de gelures, de déshydratation et de désorientation.
- Et bien sûr, le désormais célèbre sauvetage en eau glacée, simulant la menace très réelle du choc froid, de l’hypothermie et de la noyade.
Chaque scène a poussé les participants non seulement à appliquer leurs connaissances cliniques, mais aussi à cultiver un sens plus profond de la pleine conscience. Ici, loin des murs d’un hôpital, le calme et la rapidité d’esprit peuvent faire la différence entre la vie et la mort.
Mais tandis que les étudiants apprenaient à gérer des situations d’urgence dans des environnements extrêmes, une autre équipe travaillait tout aussi dur, en coulisses.
Dr Steve Truong, codirecteur du programme de simulation de Montfort, n’hésite pas à mettre en avant les héros dont les noms n’apparaissent peut-être pas sur les formulaires d’évaluation finale : les techniciens du laboratoire de simulation.
« Ces scénarios seraient impossibles sans eux », explique-t-il. « Ils prennent du matériel de simulation complexe, de qualité hospitalière, et l’adaptent à des conditions extérieures difficiles. Ils reconstruisent littéralement le matériel ».

Pour ce stage, les techniciens ont dû retirer toute l’électronique des mannequins qui ne sont pas conçus pour survivre à des températures inférieures à zéro ou à l’enfouissement dans la neige, et remanier entièrement leur carcasse. Même les hanches ont été modifiées pour rendre les mannequins plus légers et plus maniables, en particulier pour le scénario de sauvetage en escalade.
Le résultat ? Des simulations médicales ultra réalistes, urgentes et physiquement exigeantes.
Ce mélange d’ingéniosité technique, de formation clinique et de résistance émotionnelle est ce qui rend le cours de médecine en milieu sauvage si unique. C’est plus qu’un cours. C’est un état d’esprit, qui prépare les étudiants non seulement aux examens, mais aussi aux situations d’urgence qui n’attendent pas les conditions idéales.
Lorsque les étudiants reviennent de la forêt, couverts de froid et épuisés, mais le cœur plein et l’œil plus vif, ils emportent avec eux plus que de nouvelles compétences. Ils emportent des histoires. Des histoires de survie, de travail d’équipe et d’excellence discrète de ceux qui rendent tout cela possible, souvent dans l’ombre.
Car parfois, les leçons les plus importantes de la médecine ne sont pas apprises sous des lampes fluorescentes, mais sous la neige et à la lumière des étoiles.
Cette initiative s’inscrit également dans l’un des cinq objectifs du Plan stratégique 2024-2028 de l’Hôpital Montfort, l’Institut du Savoir Montfort et Santé Montfort : Accroître l’impact de l’enseignement et de la recherche. En repoussant les limites traditionnelles de la formation médicale, l’ISM démontre une fois de plus son engagement à innover et à s’adapter aux réalités du terrain.