NOTE: Cette chronique de Denis Gratton est parue dans le journal LeDroit du 4 janvier 2018
… une carte de Noël. C’est une pensée pour quelqu’un. Un sourire envoyé par la poste. Un clin d’œil d’amitié qui réchauffe le cœur. Et c’est 100 fois plus chaleureux qu’une carte virtuelle.
Une centaine de jeunes Australiens ont compris ça.
Je viens de vous perdre, n’est-ce pas chers lecteurs ? Que viennent faire des jeunes du land down under dans cette histoire ? Je vous explique.
Erin Ritchie est Canadienne. Et depuis quelques années, cette dame enseigne le français au Brookside College, à Caroline Springs, à une vingtaine de kilomètres de Melbourne, en Australie. Cette école au pays des kangourous accueille des élèves de la maternelle à la neuvième année.
Or, cette année, Mme Ritchie a invité ses élèves de 5e et de 6e années à fabriquer et rédiger une carte des Fêtes en français à offrir à des personnes qui ne peuvent être avec leurs proches durant les Fêtes.
Mais à qui faire parvenir ces souhaits de Noël ? Parce qu’on ne compte pas des milliers de francophones en Australie, à ce que je sache.
Mais l’enseignante Ritchie est Canadienne, je me répète. Et je présume qu’elle était ici, en Ontario, il y a une vingtaine d’années lorsque l’Hôpital Montfort défrayait presque quotidiennement les manchettes tant régionales que nationales. Montfort luttait pour sa survie et toute personne qui suivait moindrement l’actualité savait qu’un hôpital de langue française tenait tête au gouvernement de l’Ontario.
Mme Ritchie se serait donc souvenue de cette lutte historique des Franco-Ontariens en choisissant l’Hôpital Montfort pour faire parvenir les cartes de Noël de ses élèves.
(Je présume tout ça, notez bien, parce qu’il a été impossible de communiquer avec Mme Ritchie cette semaine. Les Australiens commencent leurs vacances d’été en ce début janvier – les chanceux – et l’école en question est fermée jusqu’en mars.)
L’enseignante Ritchie a donc communiqué avec la direction de l’Hôpital Montfort il y a quelques semaines. Et mercredi dernier, ce sont 115 cartes de Noël, aussi originales les unes que les autres, qui ont été distribuées aux patients de l’hôpital du chemin de Montréal.
Lise Savoie est hospitalisée à Montfort. Enseignante à la retraite, elle a été enchantée de recevoir une carte d’une élève prénommée Jennifer. Voici ce que cette dernière lui a écrit :
« Joyeuses Fêtes !
Je vous souhaite beaucoup de petits bonheurs. J’espère que vous vous sentirez mieux bientôt. Qu’est-ce qui tombe du Pôle Nord et ne se fait jamais mal ? La neige. Au revoir !
De Jennifer, je viens de Melbourne en Australie».
Tout un sens de l’humour, cette Jennifer. Et Mme Savoie l’a bien ri. «Ça me fait tellement plaisir de recevoir cette carte, a-t-elle dit. Ça fait ma journée», a-t-elle ajouté d’un large sourire. Et Mme Savoie a demandé à ce qu’on lui remette les coordonnées de l’enseignante en question afin qu’elle puisse remercier personnellement cette jeune Jennifer qui lui a réchauffé le cœur de son banc d’école à l’autre bout du monde.
«Plusieurs patients qui ont reçu une carte veulent répondre à ces élèves, de dire Jacinthe McPartland, conseillère de services spirituels à l’Hôpital Montfort. Ils ont été très touchés par ce geste posé par les élèves de l’Australie. Certains ont souri en recevant leur carte, certains ont versé une larme. Comme cette dame qui visitait son mari qui est très malade. Elle a pleuré en pensant que ces enfants ne lui veulent que du bien. C’est un beau geste que ces élèves de là-bas ont posé. Ils ont remonté le moral de beaucoup de gens.»
Reste à voir si cet échange entre cette école de l’Australie et l’Hôpital Montfort deviendra une tradition des Fêtes. Ce serait beau.
Ça fait tellement de bien, une simple carte, un simple sourire, un simple «je pense à toi».