En juin dernier, l’Hôpital Montfort a été brillamment représenté sur la scène nationale par Dre Ingrid Custeau, cheffe du département d’anesthésie, lors du congrès annuel de la Société canadienne des anesthésiologistes, qui s’est déroulé à St. John, Terre-Neuve. Pour la première fois, un projet de recherche issu du département d’anesthésie de Montfort a été présenté à cet événement d’envergure.
Une recherche née d’un besoin clinique urgent
Le projet présenté par Dre Custeau portait sur l’impact de l’arrêt du médicament Ozempic (sémaglutide) trois semaines avant une chirurgie, chez des patient.e.s diabétiques. Ce médicament, de plus en plus prescrit pour la gestion du diabète et la perte de poids, ralentit la vidange gastrique (c’est-à-dire le processus par lequel l’estomac se vide de son contenu), augmentant ainsi le risque d’aspiration sous anesthésie pendant les chirurgies.
« Quand les nouvelles recommandations sont sorties, il y avait beaucoup d’inquiétudes, surtout chez les chirurgiens », explique Dre Custeau. « On se demandait ce qui arriverait à la glycémie des patients si on arrêtait le médicament. »
Plutôt que de rester dans l’incertitude, Dre Custeau a vu une opportunité de recherche concrète : observer les effets réels de cette interruption sur la glycémie préopératoire. Avec le soutien de Youssef Sadiki, assistant de recherche, de Salima Massaoui de l’Institut du Savoir Montfort (ISM) et d’un biostatisticien, Dre Custeau a mené une étude rétrospective portant sur 118 patients.
Des résultats rassurants et porteurs
Les résultats ont montré une légère augmentation de la glycémie (en moyenne 0,8 mmol/L), statistiquement significative, mais cliniquement négligeable. En résumé, sa recherche génère des nouvelles recommandations de cesser l’Ozempic trois semaines avant le jour de la chirurgie.
« C’est rassurant. On peut continuer à appliquer la politique d’arrêt du médicament sans compromettre la sécurité métabolique des patients », affirme-t-elle.
Ce projet, bien accueilli par les professionnels présents à la conférence, comble un vide dans la littérature scientifique. Dre Custeau prévoit d’ailleurs de publier les résultats, afin de contribuer à l’évolution des pratiques cliniques à l’échelle nationale.

Un engagement personnel et institutionnel
Au-delà des données et la mobilisation du savoir, ce projet illustre l’engagement profond de Dre Custeau envers ses patients et son institution. Avant même l’adoption officielle de la politique, elle a personnellement contacté les patients concernés pour leur expliquer les nouvelles directives, assurant ainsi leur sécurité.
« C’était beaucoup de travail, mais je ne voulais pas qu’on prenne de risques inutiles », confie-t-elle.
Un moment de fierté pour Montfort
Présenter ce projet à une conférence nationale a été un moment marquant pour Dre Custeau, qui travaille à Montfort en tant qu’anesthésiologiste depuis 2000. « J’étais très fière de représenter Montfort et de faire rayonner notre département et la francophonie ontarienne », dit-elle avec émotion.
Le projet a également été présenté à la journée de recherche Gary Johnson de l’Université d’Ottawa, une autre première pour le département.
« Ça envoie un message fort aux jeunes anesthésistes : la recherche est possible, valorisée et reconnue. »
Vers une culture de recherche durable
Grâce à une bourse de l’AFP Accélération, Dre Custeau a pu constituer une équipe solide, démontrant qu’avec du soutien, la recherche clinique est accessible même dans des milieux à plus petite échelle. Elle espère que cette expérience inspirera d’autres collègues à se lancer dans la recherche.
