Un des sujets les plus en vogue des dernières années est l’intelligence artificielle. Elle s’est intégrée à beaucoup de domaines déjà, mais comment l’intelligence artificielle pourrait-elle influencer le domaine de la santé? On en discute avec El Mostafa Bouattane, médecin de formation et présentement directeur de la performance organisationnelle et chef de la vie privée à Montfort, qui a récemment publié un guide sur le sujet.
Qu’est-ce qui t’as donné envie d’écrire sur l’intelligence artificielle?

Je suis chercheur à l’Institut du Savoir Montfort. J’ai fait de la recherche sur comment on pouvait détecter la COVID à partir de rayons X avec l’Université de Moncton dans un article publié en 2021. C’est là que j’ai réalisé à quel point l’intelligence artificielle allait révolutionner notre façon de pratiquer la médecine. On le savait déjà, mais de l’expérimenter en vrai, c’est différent. Je me suis mis à beaucoup lire sur l’intelligence artificielle.
J’ai d’autres projets de recherche sur l’intelligence artificielle (IA) que je souhaiterais réaliser, aussi. Par exemple, j’ai créé une application mobile sur le triage des patients à l’urgence pour lequel je recherche du financement afin que nous puissions la développer encore plus. J’ai réalisé un autre projet d’intelligence artificielle pour lequel j’ai reçu du financement, cette fois portant sur les raisons pour lesquelles les patients en santé mentale ne se présentent pas toujours à leurs rendez-vous. J’ai beaucoup d’autres idées de recherches par rapport à l’intelligence artificielle et comment mieux l’intégrer dans nos soins. Mais initialement, je voulais démystifier l’IA. C’est une grande opportunité pour le système de santé. Et je voulais aussi l’orienter pour que mon livre touche les décideurs, car je vois les opportunités et je me dis que ça peut changer les choses. Je veux que les gens voient et comprennent l’opportunité devant nous, et qu’ils puissent l’explorer. Dans un hôpital, il y a beaucoup de gaspillage, de tâches que l’on pourrait automatiser.
Il y a beaucoup d’inquiétudes liées à l’intelligence artificielle, notamment en médecine. Qu’en penses-tu?
Les gens entendent des choses par rapport à l’intelligence artificielle, et c’est normal qu’ils soient inquiets. Quand je lis des articles, que je vois la recherche qui a été faite, et ça démontre à quel point l’intelligence artificielle en médecine est plus sophistiquée, par exemple pour donner un diagnostic beaucoup plus clair et avec parfois beaucoup plus de justesse qu’un médecin. Elle compare des clichés et arrive à te donner un résultat souvent bien plus vite qu’un médecin le ferait. Le médecin est un humain – il peut toujours faire des erreurs, et aura de la difficulté à arriver à un diagnostic aussi précis que l’intelligence artificielle. Nous les médecins, quand nous recevons notre formation, c’est par spécialité. Mais l’interaction avec les différents systèmes n’est pas aussi avancée et sophistiquée. L’intelligence artificielle, quant à elle, peut croiser les données de façon beaucoup plus efficace grâce à la puissance des algorithmes.
On entend souvent parler du fait que l’intelligence artificielle pourrait avoir un impact sur certains emplois. Des voitures se conduisent sans humain derrière le volant, par exemple. On jase… est-ce que l’intelligence artificielle pourra remplacer un médecin?
Les outils d’intelligence artificielle sont des outils d’aide à la décision. L’outil va t’aider, mais en bout de ligne c’est le médecin, le praticien qui décide. C’est comme une calculatrice. Tu peux faire ton calcul sur la calculatrice, mais c’est l’humain qui est responsable. Une fois que les outils sont validés, solides, ça va faire gagner beaucoup de temps et de productivité aux médecins. Mais l’humain va toujours prendre la décision finale.
Je touche aussi un peu à la chirurgie robotique dans le livre. Les robots sont plus puissants et ne font pas d’erreurs comme les humains. Pour certaines choses sophistiquées ou plus délicates, comme couper un vaisseau, c’est mieux. L’avion que tu prends pour voyager, ce n’est pas le pilote qui fait le vol – c’est automatique. Il supervise, mais c’est automatisé. C’est la même chose avec la chirurgie robotique : le médecin est derrière pour le manipuler. Mais c’est plus précis, il voit le moindre petit pixel, et pour ça il y a plus de justesse qu’un humain.
Qu’en est-il de la vie privée et de la protection des données?
Je suis sur le comité éthique de la recherche de l’ISM, je suis dirigeant principal de la vie privée de Montfort. Je comprends l’éthique et la vie privée. Quand on valide les données dans une base de données pour la recherche, la médecine, c’est de façon anonyme. C’est différent des assistants d’intelligence artificielle que tu aurais dans ta vie privée par exemple. Eux vont s’adapter à toi et vont te faire des recommandations personnalisées car ils te comprennent. Justement, un projet que j’aimerais réaliser, c’est d’aller chercher ce genre d’assistant et de les attitrer à des patients. Ainsi, il pourrait te donner un son d’alarme comme te dire que ce que tu manges pourrait t’affecter dans ta maladie ou autre.
Apprenez-en plus sur l’ouvrage d’El Mostafa Bouattane, Healthcare’s AI Revolution: A Practical Guide for Clinicians, Executives, and Patients: Transforming Medicine Through Human-AI Collaboration.