Dre Valérie Giroux est psychiatre, et cheffe du département de santé mentale externe à Montfort. Au niveau clinique, elle partage son temps entre Montfort et le Carrefour santé Aline-Chrétien… mais ce n’est pas tout, elle est aussi chercheuse à l’Institut du Savoir Montfort.
Sa spécialité : la psychiatrie périnatale, soit avant, pendant et après l’arrivée d’un bébé.
Une communauté de cliniciens-chercheurs
En réseautant avec d’autres cliniciens-chercheurs qui s’intéressent au même domaine de spécialité, Dre Giroux a eu l’idée de former un groupe de gens de partout dans le monde pour partager les connaissances, les pratiques et les idées de recherches afin de faire avancer le sujet.
Parmi ses collègues, on y retrouve des cliniciens-chercheurs de la France, de l’Inde, de l’Australie, du Chili, du Brésil et de l’Allemagne. Bien qu’ils soient intéressés par plusieurs sujets touchant la santé mentale et les mères, le groupe se rencontre présentement aux deux à trois mois et discute spécifiquement des mères atteintes d’un trouble de personnalité limite.
« Sur Pub Med, en date du 10 septembre, on peut trouver 6696 au sujet de la dépression périnatale et 1903 au sujet du trouble anxieux périnatale » explique Dre Giroux. « Mais quand je cherchais des études au sujet du trouble de personnalité limite durant la période périnatale, j’en ai trouvé que 39. Ce n’est vraiment pas un sujet connu et il n’y a pas beaucoup de services à travers le monde qui adressent cette situation spécifique. C’est pour ça que ce groupe a décidé de se regrouper. »
En juin dernier, Dre Giroux s’est rendue en Finlande afin de présenter une affiche lors d’une conférence du World Association for Infant Mental Health. L’affiche donnait un aperçu de la situation actuelle à travers les pays des cliniciens-chercheurs du groupe, au niveau de la recherche et des services offerts pour les mères avec un trouble de personnalité limite durant la période périnatale. C’était alors évident qu’ils voulaient améliorer la situation.
« La prochaine étape est de commencer à tous écrire ensemble, de profiter de l’expérience clinique de chaque membre du groupe et de promouvoir l’importance de ce sujet. En ce moment, l’Australie est le seul pays à avoir des lignes directrices sur la santé mentale périnatale avec une section sur le trouble de personnalité limite. On est réellement au tout début de l’intérêt apporté à ce sujet tant au niveau de la recherche qu’au niveau clinique. On doit maintenant essayer d’aider ces mamans avec ce qu’on sait et avec des essais-erreurs. »
Chaque membre du groupe mènera différentes études sur le sujet dans leur pays respectif. Une fois des données probantes recueillies, le groupe vise à bâtir des services conçus spécifiquement pour ces mamans.
Un projet de recherche sur plusieurs années
« Avec une équipe de chercheurs d’Ottawa, nous avons débuté une étude longitudinale (sur plusieurs années), qui suivra les mamans avec un trouble de personnalité limite durant la grossesse jusqu’à 6 ans post-partum. On les observe en plus de leur partenaire et des enfants. Il n’y a présentement aucune étude longitudinale dans la littérature donc ce sera intéressant de voir comment les observations cliniques et les mesures prises via des échelles seront reflétées dans l’étude. Par exemple, on remarque souvent que certaines périodes d’âge chez l’enfant sont plus difficiles sur ces mamans, mais on n’a pas d’études pour le prouver. Cette étude pourra donc nous aider à déterminer des tendances et ainsi mieux les soutenir. »
Dre Giroux et son équipe ont commencé à recruter des personnes pour ce projet de recherche en juin après avoir reçu un financement de l’ISM en avril. En ce moment, ils sont encore dans le processus d’étude de faisabilité, tentant de recruter 20 participantes pendant la prochaine année. Au total, l’équipe aimerait recruter 50 participantes pour avoir un échantillon assez significatif cliniquement.
Pour participer à cette étude longitudinale de 7 ans, les participantes doivent être des femmes, âgées de 18 et plus, avec un diagnostic de trouble de personnalité limite et être enceinte ou dans les trois mois post-partum. Si vous répondez à ce profil ou connaissez quelqu'un qui serait intéressé à participer, écrivez à perinatalbpd@montfort.on.ca ou utilisez le numéro d'Autofax 613-288-5346.
Cette étude aidera certainement à mieux comprendre comment le trouble de personnalité limite affecte la parentalité chez la mère.
La thérapie en périnatalité
Le seul groupe de thérapie présentement offert en Ontario pour les mères avec un trouble de personnalité limite est le groupe Reconnecter, développé et offert par Montfort.
Le groupe Reconnecter, offert au Carrefour santé Aline-Chrétien, est spécifiquement conçu pour elles. Le modèle de thérapie initialement offert était basé sur la thérapie dialectique comportementale (Mon enfant et moi) et a été changé vers une approche basée sur la pleine conscience et la mentalisation. Une thérapie sur 14 semaines, offerte en anglais et francais. Ce groupe est offert trois à quatre fois par année.
En plus de travailler à innover dans l’espace du trouble de personnalité limite, Dre Giroux travaille aussi au quotidien à améliorer la santé mentale pendant la période périnatale en général. En collaboration avec Tammy Desforges, ergothérapeute, elle offre un groupe de périnatalité depuis maintenant quatre ans selon une approche qu’elles ont encore une fois développée elles-mêmes, basée sur les théories de l’attachement et une thérapie basée sur les émotions.
Ce groupe d’une durée de 12 semaines est offert aux femmes souffrant de dépression ou d’anxiété liée à leur rôle de mère. Il est offert deux à trois fois par année. Le duo a également présenté une affiche décrivant leur approche innovante lors de la conférence du World Association for Infant Mental Health en 2022, en Irlande.
« La différence avec notre approche c’est qu’on ne vise pas seulement à diminuer leurs symptômes, mais on veut aussi aller plus loin et toucher à la relation d’attachement qu’a la mère avec l’enfant. On l’apporte aussi à se questionner sur sa relation avec ses parents à elle et les autres figures importantes dans sa vie pour voir comment ceci a un impact sur sa relation avec son enfant maintenant. »
Dre Giroux et Tammy observent également pendant ces groupes la relation avec leur enfant et leur partenaire (pendant quatre des sessions). Ceci permet au partenaire de se questionner sur son style d’attachement et de mieux soutenir sa conjointe. En les observant, ils peuvent ainsi entamer des discussions qui s’appliquent spécifiquement à leur situation, les aidant alors à atteindre des objectifs en termes de style d’attachement avec leur enfant.
Merci, Dre Giroux et Tammy, de faire rayonner Montfort à l’international et d’être si investie dans le bien-être de ces mamans!