J’ai eu la chance de rencontrer Judith Dumais, une figure emblématique de Montfort, juste avant son départ en retraite. À l’aube de cette nouvelle étape, Judith célèbre ses 50 ans en soins infirmiers. Une carrière impressionnante qui représente bien plus qu’un simple métier, une vocation qui inspire et fait grandir tous ceux qui croisent son chemin.

Franco-Ontarienne, Judith est née et a grandit dans le nord de l’Ontario. Elle est originaire de Fauquier, un tout petit village à 20 minutes de Kapuskasing. Après avoir fait ses études secondaires à Kapuskasing, Judith était indécise quant à son choix de carrière. « J’étais hésitante entre enseignante, travailleuse sociale ou infirmière, et je ne regrette pas mon choix », confie-t-elle avec un sourire.

Après ses études en soins infirmiers à l’école infirmière Vanier à Ottawa, d’où elle a gradué en 1974, elle a commencé sa carrière à l’hôpital Sensenbrenner à Kapuskasing. Pendant quinze années, elle a travaillé dans divers départements, notamment la chirurgie, la pédiatrie et l’obstétrique.

Judith était également connue pour ses missions de transport aérien de patients, ce qui lui a valu pendant de très nombreuses années le surnom de « Flying Nurse ».

Mes premières expériences étaient dans un petit avion, juste le pilote, le patient et moi. Les conditions étaient précaires, mais elles ont évolué avec le temps. Au début des années 80, l’avion était un peu plus gros et l’équipage comprenait un copilote. À la fin des années 80, les patients étaient transportés par Air Ambulance avec un pilote, un copilote, deux ambulanciers et moi. C’était beaucoup plus rassurant.

En 1989, Judith et sa famille sont déménagés à Orléans, où elle a intégré le service de maternité et de pouponnière de Montfort.

À cette époque, le département d’obstétrique était divisé en trois unités distinctes : la maternité, la pouponnière et la salle d’accouchement. Les nouveau-nés demeuraient à la pouponnière, on les apportait aux mamans seulement pour boire. Le nombre d’accouchements n’était pas élevé comparé à aujourd’hui, et les séjours étaient de 3 à 5 jours.

Un matin de Noël, Judith a été appelée en renfort en santé mentale, une expérience marquante. « Je suis arrivée en scrub et les patients pensaient que j’étais une patiente jouant un rôle. Ils ont compris que j’étais une infirmière lorsque j’ai commencé à distribuer et administrer les médicaments. » Cette journée a été un tournant, l’amenant à se consacrer à ce domaine pendant plus de 27 ans. « J’ai tellement aimé cette journée que j’ai décidé de travailler en santé mentale. »

Au fil des ans, Judith a occupé plusieurs postes tels que cheffe d’équipe, et a participé à des programmes innovants comme Lean, la clinique d’injection, et formatrice de GPA. Elle a également été infirmière de consultation et de liaison avec les unités de soins, une position qu’elle a mise en place en collaboration avec des psychiatres comme le Dr Stewart, le Dr Fleury et le Dr Campbell. Elle a d’ailleurs occupé ce poste pendant 4 ans et demi.

Elle a cependant décidé de retourner au chevet des patients, car cela répondait mieux à ses valeurs professionnelles : faire de l’écoute active, de l’enseignement, et encadrer les patients. « C’est très valorisant de voir le patient à son arrivée, puis à son départ, et de s’apercevoir que ce sont deux personnes différentes. »

Cette discussion fut passionnante et riche en anecdotes et émotions. Parmi ses nombreuses anecdotes, elle se souvient d’un transport aérien particulièrement difficile. « J’avais deux patients : une patiente en phase terminale de cancer et une autre souffrant de troubles de santé mentale. Le vol était très turbulent. À la sortie de l’avion, je tenais la main de la patiente souffrant de troubles de santé mentale et les ambulanciers ont demandé au pilote qui était la patiente entre nous deux. »

De plus, Judith m’a confié comment la profession infirmière a beaucoup évolué depuis ses débuts, notamment en termes de tenues vestimentaires et d’équipement. « Au début de ma carrière, je portais une tenue blanche avec une coiffe, des bas et des souliers blancs. » Elle se souvient aussi de l’absence de pompes intraveineuses, remplacées par des bouteilles en verre. « C’était une autre époque, avec des défis très différents. »

Pour Judith, Montfort n’est pas seulement un lieu de travail, c’est une véritable histoire de famille. Sa sœur Dorisse a également travaillé à Montfort pendant 17 ans, illustrant ainsi le profond attachement familial envers notre organisation.

Judith est une personne optimiste et réaliste, toujours en quête de solutions. « Ma philosophie de la vie est qu’il n’y a pas de problèmes, mais toujours des solutions en attente », explique-t-elle.

Judith Dumais, mise à l’honneur lors du souper de célébration de la semaine nationale des soins infirmiers le 9 mai dernier

Après 50 ans de service, Judith prendra officiellement sa retraite le 28 juin. Elle reconnaît que ce départ est un deuil, mais aussi un nouveau chapitre. Son conseil aux futurs infirmiers :

Soyez engagées, ayez de la patience, de la compassion, et surtout, amusez-vous au travail. Sourire et rire sont essentiels, tout comme le travail d’équipe. Nous ne pouvons pas tous les sauver, mais nous faisons de notre mieux.

Judith Dumais, c’est une vie dédiée aux autres, marquée par des hauts et des bas, des rires et des larmes, et surtout, par un profond sentiment de satisfaction et d’accomplissement. Montfort, c’est une deuxième famille qu’elle quitte avec émotion, mais sans regret. Judith, votre parcours nous inspire, et nous vous souhaitons une retraite bien méritée, remplie de joie et de sérénité.

Alexandra Fabre
Alexandra est agente de communication à Montfort depuis septembre 2023. Lorsqu'elle n'écrit pas pour le Journal Montfort, elle est probablement en train de rêver et de planifier ses prochaines vacances, ou de soutenir ses équipes sportives préférées.