Dania Versailles s’est jointe à l’Association canadienne en santé mentale (ACSM) comme directrice des services cliniques en novembre 2017. Infirmière depuis presque 27 ans, elle détient deux maîtrises en sciences infirmières, dont l’une spécialisée en santé mentale et psychiatrie.
Elle a débuté sa carrière comme infirmière de chevet à l’Hôpital Lakeshore à Montréal, puis à l’Hôpital d’Ottawa et à Montfort, en passant par les soins à domicile, comme gestionnaire. Pourtant, ce n’était pas suffisant. Elle s’intéresse depuis longtemps à la gestion et à la formation, c’est ce qui l’a incité à poursuivre des études supérieures. Aujourd’hui, de nombreuses stagiaires peuvent maintenant se vanter de l’avoir eu comme superviseure.
Pendant qu’elle œuvrait en tant qu’infirmière clinicienne spécialisée au Programme de santé mentale (PSM) à Montfort, elle dirigeait plusieurs initiatives, dont le développement de programme en gestion des comportements à risque suicidaire, l’expansion du programme de prévention des chutes et la mise en place d’activités d’amélioration continue de la qualité, tout en complétant une maîtrise en santé mentale. Grâce à son expertise, plusieurs des activités cliniques sont maintenant des activités interprofessionnelles.
Pour Dania, le patient partenaire revêt une grande importance. C’est d’ailleurs en partie ce qui l’a attirée à l’ACSM et qui la pousse à s’impliquer autant dans l’équipe Santé Ontario de l’est d’Ottawa. « Pour qu’un parcours de soins soit véritablement efficace, il doit être centré sur la personne », dit-elle. La meilleure manière de comprendre les besoins, c’est d’obtenir la contribution des personnes à qui s’adressent ces soins et services. C’est aussi de cette manière qu’on arrivera à démystifier la santé mentale, ajoute-t-elle.
« Ça prend des efforts faramineux pour changer les croyances, mais c’est un investissement qui génère des retombées positives durables. »
Tous les jours, avec ses équipes (elle en gère cinq!), Dania contribue à faire tomber les barrières qui entourent encore les troubles de santé mentale et de toxicomanie.
« On doit humaniser nos services. »
Le manque de ressources se voit partout… et la pandémie n’a fait qu’exacerber le problème. Les équipes de l’ACSM peuvent en témoigner. Les gens continuent d’être référés et pourtant, l’attente est longue. Dans certains cas, on parle d’années pour obtenir certains services.
« Dans la communauté, j’ai compris l’importance de tisser des liens avec des partenaires. Il faut sortir de sa cour de temps en temps. C’est un élément de survie et un tremplin qui nous amène à aller plus loin, ensemble. »
Concrètement, ces liens serrés ont permis de faire l’acquisition de centaines de téléphones intelligents afin que les clients vulnérables puissent, malgré les mesures sanitaires en place, participer aux groupes de soutien pour minimiser l’impact de l’isolement social, et ce, depuis le début de la pandémie.
C’est en partie pour renforcer ces liens, et en créer de nouveaux, qu’elle met autant d’énergie dans les activités de l’équipe Santé Ontario de l’est d’Ottawa. Co-lead du groupe de travail Santé mentale et toxicomanie (SM&T), Dania et les membres de l’équipe ont débuté leurs travaux durant la pandémie, se rencontrant toutes les deux semaines malgré des horaires déjà remplis à pleine capacité.
« Les problèmes de ressources ne se sont pas arrêtés durant la pandémie. Nous non plus. » Les rencontres du groupe de SM&T abondent en énergie et en conversations riches et stimulantes.
On a tous au moins une cause personnelle qui nous tient à cœur. Pour Dania, c’est Autisme Ontario, un organisme qui représente les milliers de personnes et leurs familles qui vivent avec les cadeaux et les défis du trouble du spectre de l’autisme. Elle s’implique afin de sensibiliser la population et le gouvernement au manque de ressources disponibles pour les familles comme la sienne.
En plus de toutes ces activités, elle s’implique à la table inter-ÉSO pour promouvoir et faire connaître les besoins en santé mentale auprès des partenaires et du gouvernement. Elle participe aussi à une variété d’activités de l’Association des infirmières et infirmiers autorisé·e·s de l’Ontario (AIIAO).
Un problème de surface en cache souvent un autre, plus profond, et prendre en charge les symptômes ne guérit pas forcément. On doit prendre la personne entière pour la traiter efficacement. C’est cette vision holistique de la santé que Dania souhaite partager avec les partenaires de notre équipe Santé (et les autres).
En plus de son travail de directrice et de sa participation à de multiples organismes, elle a tout de même trouvé le temps de participer à un projet de recherche dont les résultats viennent d’être publiés et à des activités pour plaidoyer contre les injustices.
- Tackling discrimination and systemic racism in academic and workplace settings
- Black nurses in action: A social movement to end racism and discrimination
- Rapport du Black Nurses Task Force, de l’AIIAO
Depuis quelques années, elle fait du Taekwondo. Alors qu’à la base, elle désirait aider son fils à se dégêner, c’est plutôt devenu une activité mère-fils que les deux pratiquent assidument depuis 6 ans. Dania et son fils sont d’ailleurs en entraînement afin d’obtenir leur ceinture noire! Ce sport fait parti de sa stratégie de bien-être pour garder son équilibre physique et mentale qui s’est révélé être un point d’ancrage psychologique puissant, par Zoom et à distance, pour elle et son fils pendant la pandémie.