Nombreux considéreraient l’étude du droit et celle de la médecine comme deux activités diamétralement opposées. Cependant, le parcours de la nouvelle vice-présidente associée-recherche de l’Institut du Savoir Montfort nous démontre que l’on peut facilement troquer la toge pour le stéthoscope lorsqu’intelligence, détermination et altruisme s’allient.
C’est maintenant officiel, la Dre Sharon Johnston est la nouvelle vice-présidente associée-recherche de l’Institut du Savoir Montfort. Clinicienne-chercheure depuis maintenant plus de 15 ans, cette figure réputée du monde de la médecine excellait pourtant dans un domaine qui pourrait sembler aux antipodes de son domaine actuel.
L’humain avant tout
C’est en 1994 que la Dre Johnston entame ses études universitaires à l’Université de Harvard aux États-Unis. Après quatre années passées à étudier dans cet établissement reconnu comme la meilleure Université du monde dans de nombreux classements, la Dre Johnston décide de s’envoler pour la Grande-Bretagne à la suite de l’obtention de son baccalauréat en art. Elle décroche un second baccalauréat en droit à l’Université de Cambridge en 1996 et commence à examiner les lois et les politiques qui façonnent nos interactions et la répartition des ressources dans la société, y compris les soins de santé. « J’ai toujours été animée par un désir de contribuer au bien-être de la population et cela passait forcément par une compréhension des lois qui font la structure de la société dans laquelle nous vivons », nous informe-t-elle.
Pendant l’exercice de ses fonctions en Angleterre dans les années 90, le contexte judiciaire l’incite à apporter un regard critique à sa carrière. « En tant qu’étudiante en droit, j’ai été témoin des allocations de ressources en santé décidées en cour de droit.
« Il m’était difficile de me faire à l’idée qu’un juge et deux avocats aient le pouvoir de décider de l’état de santé d’un enfant. »
Selon elle, l’accès aux ressources en santé est la base même d’une société équitable. C’est pour cette raison qu’elle choisit de s’orienter vers la médecine pour faire partie des solutions et contribuer à l’amélioration des offres de services.
L’amélioration des soins primaires au cœur du mandat professionnel
De retour au Canada en 1996, la Dre Johnston complète une maitrise en droit et bioéthique à l’Université de McGill ainsi qu’un Doctorat en médecine à l’Université de Dartmouth aux États-Unis, avant de finir sa résidence en médecine familiale à l’Université de McGill en 2005. Après l’obtention de ses diplômes, la Dre Johnston opte sans hésiter pour la dualité incluant la prestation de soins et la recherche.
« Il n’y a jamais eu de distinction entre recherche et médecine pour moi. »
« La recherche améliore, et l’amélioration de l’activité fait partie de tout mandat professionnel. La différence entre un professionnel et un chercheur, est que celui-ci a l’obligation de partager ses connaissances en dehors son équipe », dit-elle.
Membre de l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario, ainsi que du collège des médecins de famille du Canada, la nouvelle vice-présidente associée-recherche est aussi chercheure à l’ISM et à l’Institut Bruyère. Elle est également clinicienne-chercheure au département de médecine familiale de l’Université d’Ottawa, et professeur agrégée. « Je suis reconnaissante d’avoir pu offrir des soins aux patients et contribuer à l’amélioration du système de santé canadien grâce à mes projets de recherche tout au long de ma carrière », nous confie-t-elle.
Durant son illustre carrière, la Dre Johnston a toujours été menée par la quête du perfectionnement du système. En tant que médecin de famille qui se veut d’offrir les meilleurs soins à tous ceux qui en ont besoin, elle a fait de l’amélioration des soins primaires son cheval de bataille. Pour se faire, elle se focalise sur l’engagement des patients à travers l’utilisation des nouvelles technologies et les variables rapportées par ceux-ci, dans le but d’évaluer et de parfaire le système des soins primaires.
Travaillant en étroite collaboration avec les prestataires de soins primaires ainsi que d’autres chercheurs, elle vise à mettre en place un réseau d’information sur ces soins, afin de faciliter le partage d’information et la communication entre les différents cabinets et leurs patients. « Les plateformes technologiques sophistiquées, les méthodes d’intelligence artificielle, la médecine personnalisée et les technologies de santé portables, si elles sont correctement déployées et ancrées dans l’intérêt public, peuvent contribuer à une population en meilleure santé et à un système de santé plus efficace et efficient », déclare-t-elle.
Même essence, nouvelles perspectives
La nouvelle vice-présidente associée-recherche de l’ISM a été impliquée dans le développement d’importantes initiatives. Médecin généraliste avec une spécialisation en commotion cérébrale, elle a collaboré à la mise en place du 360 Concussion Care, centre exclusivement dédié à la gestion de ces maladies dans la région d’Ottawa. Elle a aussi codirigé la recherche et la mise en œuvre de ce qui est devenu une fondation du nouveau modèle provincial de soutien à l’autogestion, offert aux personnes atteintes de maladies chroniques. Ses projets de recherches menés dans ce domaine ont abouti à l’élaboration de nouveaux services dédiés à une multitude de patients selon leur besoin. Les axes novateurs qu’elle approche lui ont valu une réputation de contributeur clé dans le monde de la médecine.
Aujourd’hui vice-présidente associée-recherche à l’ISM, cette femme d’action entend remplir pleinement ses nouvelles fonctions. « En tant que chercheure bilingue avec des collaborations à travers le pays, je me sens prête à promouvoir l’expertise et l’innovation croissantes de notre centre sur la santé des Canadiens francophones en situations minoritaires, essentielles à notre engagement envers la communauté que nous servons, ainsi qu’à notre leadership national », déclare-t-elle. Axée sur une approche collaborative, elle a à cœur de participer au changement positif tout en favorisant l’effort collectif.
Elle compte bien miser sur l’unité des forces du corps scientifique et administratif afin d’affirmer les compétences de l’ISM.
« La recherche en soins de santé a absolument besoin de s’ouvrir à d’autres expertises. »
« En plus de son mandat plus que nécessaire, l’ISM dispose d’un personnel formidable dont la culture du travail se résume à toujours viser plus haut. »
Pour elle, la diversité en recherche est un facteur indispensable. « Je suis consciente que des groupes avec une plus grande diversité d’expérience peuvent apporter plus de points de vue et d’apprentissage. Je pense également que nous devons nous concentrer sur le soutien et l’intégration optimale des membres de l’équipe pour nous assurer que nous bénéficions au maximum de la diversité parmi nous. »
« La diversité et l’inclusion nécessitent à la fois un esprit d’équipe et une culture qui la renforce. »
Tout en continuant à servir les communautés vis-à-vis desquelles elle est déjà engagée, la Dre Sharon Johnston entrera en fonction le 1er avril 2022. Elle succédera au Dr William Hogg, qui a été vice-président associé-recherche par intérim depuis mai 2020.