Étude sur le personnel de l’entretien ménager et la détresse psychologique

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Le personnel de l’entretien ménager est un maillon incontournable au sein des hôpitaux, particulièrement dans un contexte de pandémie. Malheureusement, on entend très peu parler de leurs défis quotidiens. Chaque jour, ils s’exposent, se mettent en danger et travaillent sans relâche pour assurer la sécurité de tous les patients et du personnel hospitalier. Ainsi, ils portent une lourde responsabilité.

Les tâches et responsabilités peuvent-elles provoquer un stress psychologique important ?

Dans la lutte contre la COVID-19, le personnel de l’entretien ménager des hôpitaux est en première ligne. Dre Marie-Hélène Chomienne et son équipe de recherche ont voulu examiner comment ces travailleurs vivent le stress associé à la pandémie et explorer la détresse psychologique des préposés à l’entretien ménager pendant la COVID-19.

Cette étude incluait des entretiens avec des membres de l’administration (gestionnaires, facilitatrices), des groupes de discussion et un sondage auprès du personnel de l’entretien ménager pour recueillir leurs perceptions et identifier la présence de détresse psychologique durant la Covid-19.

Qu’en est-il des résultats ?

Tout changeait. Le personnel de l’entretien ménager a rapporté une charge de travail accrue devant développer de nouvelles routines, se sentait mis à l’écart, mal informé ou comprenant mal le sens des changements si fréquents dans les politiques et procédures mises en place. Les gestionnaires avaient également des défis :

« […] En plus de former d’autres, on manquait d’effectifs. […] toutes les routines changeaient. […] on nous demandait de faire plus avec moins » (Gestionnaire n° 1)

« […] tout allait très très très vite, que ça soit les directives de santé publique, les informations qu’on devait transmettre à notre personnel et ça, cette rapidité-là de changement de l’information, je trouve, c’était difficile. » (Gestionnaire n° 7)

Soutien du personnel ? Pour le personnel de l’entretien ménager, le soutien que l’hôpital offrait(soutien psychologique, disponibilité ou non d’équipement de protection individuelle [ÉPI], formation, information) semblait insuffisant. Un membre du personnel rapporte :

« […] on essaie de régler nos choses entre nous autres parce qu’on le sait qu’on n’a pas tout le temps le backup […] qu’on a besoin. […] On n’a pas l’impression d’être soutenu tout le temps. » (Groupe de discussion 3)

Cependant, dans les unités, les facilitatrices et l’équipe de soins offraient de l’empathie :

« L’écoute. Je pense que ça, c’est un minimum qu’on pouvait faire. […] Est-ce qu’on pouvait répondre à tous les besoins, à tous les moments ? Non. Il y avait des réalités, des barrières, des restrictions, des conventions. Mais l’écoute était là. »  (Gestionnaire n° 7)

Ce qu’a démontré cette étude est qu’avec les années d’expérience il y avait une plus grande perception du risque face à la COVID et donc, plus d’anxiété. Comme en témoignent les gestionnaires :

« Je peux juste m’imaginer le stress que [le personnel] vivai[t], en plus de […] la réalité de se rendre au travail, de s’inquiéter de la famille, [de] la garderie pour les enfants, [de s’inquiéter des] frères, [des] sœurs, [des] grands-parents. » (Gestionnaire n° 1)

 « Il y avait beaucoup d’inquiétudes. Chez certaines personnes l’inquiétude était clairement démontrée par un petit peu d’hostilité. […] quand les gens sont inquiets, ils sont stressés, ça ressort de différentes façons. […] Il y en a qui étaient vraiment fâchés, qui n’étaient pas contents, qui trouvaient qu’ils n’étaient pas bien protégés, qu’ils manquaient d’information. » (Gestionnaire n° 3)

Une grande majorité (86 %) du personnel de l’entretien ménager a répondu au sondage. Selon l’analyse, le sondage a démontré que les symptômes de dépression étaient élevés (46 %). Ces symptômes étaient influencés par la présence de conditions chroniques chez les travailleurs ou leur famille et selon s’ils percevaient que l’Hôpital Montfort se souciait de leur bien-être. Les résultats ont aussi montré que plus du quart des participants présentaient des symptômes d’anxiété (27 %) ou de stress post-traumatique (26 %). 

« J’avais peur parce qu’on voyait toutes sortes de choses […]  Est-ce que c’était vraiment Covid ? On ne le sait pas. Mais c’est assez spécial. Comme j’ai [quelqu’un] qui a le cancer à la maison aussi. […] c’était difficile de journée en journée. » (Groupe de discussion n° 1)

De la lumière au bout du tunnel ?

Même si les membres du personnel de l’entretien ménager ont souligné parfois un manque de reconnaissance, ceci a changé au cours du temps. Dans les unités de soins, ils ont été inclus de façon plus systématique dans le partage d’information, facilitant ainsi l’organisation de leur travail.   Le personnel de l’entretien ménager est fier du travail qu’il fait. Ils se disent très appréciés par les patients et c’est ce qui les motive à venir au travail tous les jours.

Cette écoute, cette inclusion de la part des unités de soins a développé un sentiment de valorisation, d’entraide et de solidarité.  

« L’écoute. Je pense que ça, c’est un minimum qu’on pouvait faire. […] » (Gestionnaire n° 7)

Il est donc essentiel de voir, d’entendre et d’écouter ces héros, trop souvent écartés et oubliés. Mais surtout de reconnaitre le travail essentiel qu’ils font et de les remercier au quotidien.

En plus de cette étude à Montfort, un sondage national intitulé COVIDEM est en cours depuis mars 2021. Avec ces résultats l’équipe de recherche veut valoriser le travail du personnel de l’entretien ménager, mais aussi bien informer la direction des hôpitaux et les gestionnaires sur les difficultés vécues par ces travailleurs et proposer des pistes de solutions.

Disons-leur « merci » !

Merci d’avoir participé à cette étude !

Merci d’être là et de veiller à notre sécurité et celle de nos patients !