Le Pharmachien : démystifier la santé par l’humour

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Google, Facebook, YouTube… les remèdes grands-mères se modernisent sur nos écrans! Comment distinguer le vrai du faux dans une une marée d’informations?

Après avoir travaillé plusieurs années dans la recherche, Olivier Bernard s’est lancé en communication avec son personnage connu « Le Pharmachien ».  Ce qui a commencé par une bande dessinée s’est peu à peu transformé en un site Web, puis en émission se voulant vulgariser la santé pour aider les gens à faire de meilleurs choix.

Son pseudonyme original lui est venu de sa première ébauche du personnage qui devait avoir une tête de chien. « Le nom est resté et des gens me disent que c’est un peu comme si j’étais le chien de garde de la santé », raconte Olivier.

Pharmacien de métier, Olivier a toujours été attiré par les communications. « J’ai toujours su que je ferais autre chose que juste pharmacien », explique-t-il. « Aussi longtemps que je me souviens, j’aimais faire des exposés oraux et écrire. J’ai travaillé dans la recherche pendant quatre ans et l’aspect de communication et grand public revenait toujours. » Aujourd’hui, il fait des conférences sur différents sujets d’actualité en santé! D’ailleurs, le plus beau compliment qu’on peut lui offrir : « Je n’aurais jamais cru que j’aurais aimé écouter une émission sur la santé à la télé »!

Pourtant, il n’a pas toujours été aussi audacieux. Son premier livre, « Le petit garçon qui posait trop de questions », raconte les aventures d’Hugo, un enfant curieux qui cherche à comprendre le monde qui l’entoure. Contrairement au jeune explorateur du récit, Olivier admet avoir été très différent de son personnage : « Il y a un peu de moi dans le personnage, mais Hugo est un peu plus courageux! Il aime explorer alors que j’étais très timide. Je pense que Hugo est un mélange de moi aujourd’hui et de moi étant jeune. Par contre, j’ai toujours eu le côté septique et je questionnais beaucoup! »

Ce côté septique, Olivier a vite appris qu’il a tendance à déranger. Plus jeune, il avait fréquenté une école religieuse. « J’ai dit qu’il manquait des dinosaures dans la Bible! J’ai réalisé, très jeune, que poser des questions tout le temps met les gens mal à l’aise. Pourtant, les professeurs devraient cultiver l’esprit critique chez les étudiants! »

« Quand j’étais jeune, je me faisais intimider et je n’osais pas poser mes questions devant les autres. », ajoute-t-il. Aujourd’hui, il n’hésite pas à « déranger » et à remettre en question certaines idées préconçues en santé, mais la pensée critique en santé provoque souvent des réactions mitigées. « Ça fait 8 ans que je reçois des menaces violentes et de porter plainte à l’Ordre des pharmaciens du Québec sur toutes sortes de sujets. Malheureusement, si tu veux faire de la vulgarisation en science ou en santé, ça vient avec! »

Olivier explique que ces réactions viennent de gens dont les convictions font partie intégrante de qui ils sont et que « certaines personnes prennent les faits et la vulgarisation comme attaques personnelles alors que mon but n’est pas de prêcher auprès des publics qui sont convaincus, mais ceux qui sont moins convaincus. »

En 2019, il devient cible de menaces pour son article sur une pétition controversée sur l’utilisation des injections de vitamines C comme traitement pour le cancer. Pour briser le mythe de la vitamine C comme traitement miracle, le Pharmachien a remis les points sur les i avec un article expliquant les diverses études effectuées sur le sujet et pour rappeler que les injections ne sont pas autorisées au Québec.  « Beaucoup de gens qui ont lu mon article m’ont dit que s’ils avaient su, ils n’auraient jamais signé la pétition! », explique-t-il.  « Être touché c’est normal, mais il faut se poser des questions, prendre connaissance du sujet. »

Les opinions partagées au sein de la population sont également liées aux informations (malheureusement, pas toujours les bonnes!) de plus en plus accessible sur Internet. C’est ce qui a inspiré le sujet de sa prochaine conférence, « Quand la croyance prend le pas sur l’évidence : comment sauver les patients de Dr Google », qu’il présentera aux JM 2021 le 15 avril prochain.

« Nous sommes tous les patients de Dr Google! Si on remonte aux années 80, les gens étaient dépendants de leurs médecins. Maintenant, l’Internet nous aide beaucoup pour accéder à l’information. », explique Olivier. Nous sommes moins dépendants aux professionnels de la santé, mais plus à risque d’être exposés aux rumeurs et fausses nouvelles médicales! « Le problème est la présence de mauvaise information sur la santé et on doit aider les gens à distinguer le vrai du faux », ajoute-t-il.

Personne n’est à l’abri de la désinformation, même les professionnels de la santé. « Ce n’est pas parce que tu es un professionnel en santé que tu as la science infuse, tu peux te tromper aussi! Pour le grand public, quels sont les trucs pour différencier les discours qui tiennent des discours qui ne tiennent pas? »

Il ne faut pas combattre Internet pour autant, loin de là! « Si nous rejetons en bloc le besoin d’aller chercher sur Internet en disant « arrête de parler de ce que tu trouves sur Internet », les gens le feront pareil! Il faut plutôt intégrer cette nouvelle réalité dans notre pratique », explique le pharmacien.


Comment sauver les patients du Dr Google? Assistez à la prochaine conférence du Pharmachien, le 15 avril prochain aux JM 2021 pour le savoir! Pour plus d’information et vous inscrire, visitez jmottawa.ca. 

Ibtissem est agente de communication à l’Institut du Savoir Montfort. Elle profite de son temps libre pour passer du temps avec sa famille et ses amis, dessiner et lire!