Depuis mars dernier, le téléphone du Dr Hugues Loemba sonne sans arrêt et il est rare qu’il ne prenne pas l’appel.
« Nous devons trouver le moyen de nous rendre disponibles lorsqu’on nous demande de partager notre opinion scientifique au sujet de la pandémie de COVID-19, sans quoi nous serons dépassés par des interprétations des faits et des théories du complot », explique-t-il.
Pour en savoir plus sur la carrière de Dr Hugues Loemba, lisez l’article « Retour aux sources pour Dr Loemba« , paru dans le Journal Montfort en avril 2019.
Malgré une vie bien remplie d’activités cliniques, de projets de recherche et de responsabilités pédagogiques, le Dr Loemba est devenu une voix importante dans le vacarme médiatique entourant la pandémie. En fait, c’est précisément cette carrière diversifiée qui l’a préparé à parler de l’aspect scientifique du nouveau coronavirus.
« Les virologues comme moi pouvons parler de la science fondamentale à la base de la COVID-19 », mentionne le Dr Loemba, qui, à titre de clinicien scientifique et virologue, est affilié à l’Hôpital Montfort et aux Services de santé de l’Université d’Ottawa. « Mais comme je suis également médecin, je peux discuter des résultats cliniques de la maladie et la comprendre sous tous ses angles ».
Intensifier les efforts pour contrer la désinformation
La pandémie se produit à une période où les médias sociaux abondent en théories du complot, soulève le Dr Loemba; tout est mis en place pour que les personnes se méfient de l’information scientifique.
« Nous observons une érosion de la confiance envers la science, une montée du populisme dans plusieurs pays, et une promotion globale de faits alternatifs », ajoute-t-il.
« Je dois avouer, nous devons en faire davantage », prévient-il. « À titre de professionnels, nous avons plusieurs engagements, mais j’essaie, dans la mesure du possible, d’être disponible pour les médias afin de vulgariser des renseignements médicaux complexes de sorte que le public puisse comprendre et faire des choix éclairés ».
Le vaccin est un outil puissant qui nous permettra de retrouver un mode de vie normal, mentionne-t-il, expliquant que la science est essentielle lorsqu’il s’agit de s’assurer que chacun joue son rôle dans la lutte contre cette maladie. « Si nous parvenons à vacciner 70 % de la population, le virus aura de la difficulté à se propager ».
Regardez un webinaire de l’Université d’Ottawa qui a eu lieu en février 2021, dans lequel le Dr Loemba démystifie les différents vaccins contre la COVID-19 et répond à vos questions.
Mettre à l’œuvre la recherche
Les travaux de recherche du Dr Loemba comprennent l’exploration de nouvelles méthodes de diagnostic de la COVID-19, ainsi que la recherche de nouveaux traitements antiviraux contre la COVID-19.
« Nous avons des vaccins, mais nous n’avons toujours pas de remède », ajoute-t-il. « Comme aucun médicament contre le virus n’a été accepté par la communauté scientifique, il y a encore beaucoup de travail à faire. »
Le Dr Loemba participe à la recherche en santé publique concernant la COVID-19 en Ontario, dont l’objectif est de renforcer les capacités des fournisseurs en matière de pratiques exemplaires dans les communautés de couleur. Il travaille également à l’étranger avec l’équipe de son laboratoire au Congo, mis sur pied en collaboration avec la Fondation Marie Madeleine Gombes, une organisation humanitaire locale.
« Ce laboratoire de pointe est alimenté par des panneaux solaires, et est doté d’une salle de pression négative (biosécurité 3) pour permettre la manipulation sécuritaire du matériel biologique infectieux sur des échantillons diagnostiques comme le V.I.H. ou la COVID-19 », mentionne-t-il. « Le laboratoire, qui a initialement vu le jour pour effectuer de la recherche en pleine pandémie du V.I.H., est un lieu qui permet aux scientifiques canadiens et aux chercheurs africains de mener des projets de recherche clinique concertés sur la COVID-19. »
Voie à suivre
Plusieurs questions subsistent au sujet du nouveau coronavirus et de ses implications, mentionne le Dr Loemba, notamment la transmission optimale du virus, la durée de la réponse immunitaire produite par les vaccins et la nécessité de médicaments antiviraux pour traiter les patients infectés.
La fonction de plusieurs gènes du virus, par conséquent les propriétés biologiques du virus, est également mal comprise, ce qui rend difficile de bien comprendre le fonctionnement du virus ainsi que ses implications. « Le portrait clinique continue de varier d’un patient à l’autre », rapporte le Dr Loemba.
Contribuant au mystère est l’arrivée des variants de la maladie qui, selon le Dr Loemba, seraient plus facilement transmissibles. Avec ce genre de cas en hausse et les nombreux aspects inconnus qui demeurent, il partage des conseils pour pouvoir aller de l’avant.
« Si nous ne mettons pas les bouchées doubles, ces nouvelles souches deviendront les plus courantes d’ici quelques mois », ajoute-t-il. « Nous devons augmenter le dépistage de ces nouveaux variants et intensifier notre recherche des contacts. Puis, bien sûr, nous devrions continuer de respecter les mesures de santé publique en matière de distanciation, de port du masque et de lavage des mains ».
À une période où la COVID-19 est le mont Everest des défis actuels en matière de santé, le Dr Loemba est le guide parfait pour nous accompagner dans notre parcours.
Et même une fois le sommet atteint, il répondra sûrement encore aux appels.
La version originale de cet article, signé par Michelle Read, est parue dans le bulletin de la faculté de Médecine de l’Université d’Ottawa.