Juin 1995, je suis nommée chef de service au service de l’accueil. C’est un gros changement de carrière pour moi : de gestionnaire clinique, responsable de deux unités de soins et la préadmission, à un service support comme directrice, dans le cadre d’une restructuration interne majeure suite aux coupures du gouvernement Harris.

Une de mes premières responsabilités au service de l’accueil était de détruire des documents administratifs antérieurs à la création du service de l’accueil.  Ceux-ci étaient entreposés dans un espace très exigu sous l’édifice original de l’hôpital (bâti en 1953) dans le sous-sous-sol de l’édifice E aujourd’hui. Il fallait se plier en deux pour pouvoir entrer dans l’espace assigné à mon service.

Je prends mon courage à deux mains et je m’attarde à inventorier le contenu de l’espace.

J’y découvre un trésor historique pour l’institution universitaire que nous sommes devenue, soit les premiers registres des admissions de 1953 à 1954 en feuilles détachées ainsi que le registre obstétrical des mois d’octobre 1953 à mai 1958. On y retrouve la première naissance à l’Hôpital St-Louis Marie de Montfort (notre nom officiel en 1953), un bébé garçon. Il aurait eu 68 ans cette année. Je me souviens de la célébration du 35e anniversaire de la conception de l’Hôpital, sur le terrain, près du garage de l’urgence actuel, ce bébé-garçon y était présent et moi j’étais une jeune infirmière.

Tous les registres sont documentés de façon cursive, à l’encre bleue et en prime, lisible. Savez-nous que les femmes étaient admises sous le prénom et nom de leurs époux…. genre Mme Brad Pitt, pas Mme Diane Pitt!!! De plus, les religieuses et les prêtres étaient admis selon leur nom religieux.

Hum, les temps ont changé!!

La première page du registre obstétrical de Montfort, en octobre 1953. Tous les registres sont documentés de façon cursive, à l’encre bleue et en prime, lisible. 

Je me suis empressée d’apporter l’ensemble des documents au chef du service des archives de l’époque, Lucie Piché, et nous avons partagé notre découverte avec notre VP, Marc Joyal et notre PDG Gérald Savoie. Nous étions bien contentes de notre découverte.

Petit saut quantique en juin 2019, je reviens comme archiviste médicale sous la responsabilité de Sophie Vallée pour un projet spécial de destruction de documents cliniques et administratifs qui sont en entreposage externe.

Nous avons, entre autres, revu et conservé des anciens registres intitulés Rapport des sorties et analyse des services de l’hôpital des années 1966 à 1969. Les choix de disposition au départ du patient étaient : guéri, en voie de guérison, amélioré, non amélioré, non traité, ou autre. Aujourd’hui on nomme cela de la mise en code et de l’analyse pour aide à la décision. Il y avait également des registres statistiques du CFN datant des années 1963 à 1967 et des registres de mortinaissances des années 1969 à 1973 – uniquement dans la langue de Shakespeare et qui se devaient d’être signés par le PDG, Guy A. D’Amour. Le ministère de la Santé s’appelait Ontario Hospital Services Commission, Form 4, The Public Hospital Act.

Je renoue connaissance avec mes fameux registres retrouvés en 1995 mais encore plus, des registres d’admissions des années 1955 à 1969. De plus, nous avons conservé des anciens registres de triage de l’année 1969. D’ailleurs, on utilise encore ces registres d’admission pour émettre des preuves de naissance.

Si vous aimez l’histoire comme moi, vous comprendrez que je me sens privilégiée de contribuer à protéger ces documents historiques afin d’en faire un jour, profiter les générations futures.  Nous les avons protégé des altérations physiques attribuables au temps et à certaines conditions non favorables à la conservation.

Qui sait! Un jour nous aurons peut-être un espace dédié à notre histoire.


Connaissez-vous la politique Conservation, épuration et destruction des documents cliniques et administratifs – ADMIN 105? (NOTE : ce lien est disponible pour les membres de Montfort seulement.)

Diane Poirier
Diane est sur appel comme archiviste médicale après avoir pris sa retraite de Montfort en 2014. Sa carrière à Montfort a duré 36 ans, comme infirmière, clinicienne, gestionnaire et directrice, Relations avec la clientèle... Montfortaine dans l’âme, elle adore voyager, s’entraîner et aime les défis de tout acabit. Plusieurs vous diront…. elle a du caractère mais surtout elle est loyale et engagé envers son employeur et ses collègues.