Dre Alayna Jaques est psychiatre au programme de santé mentale de Montfort. Dans le cadre de son travail, elle croise de nombreuses personnes âgées. Elle a remarqué à quel point la pandémie et la restriction des visites peut avoir un impact sur ces patients.
Pour de nombreuses personnes âgées, voir fréquemment de la famille fait partie de la qualité de vie, ça constitue un lien et ça permet de rompre l’isolement. Les personnes âgées peuvent vivre des réminiscences, ce qui s’avère thérapeutique, surtout chez celles atteintes de démence.
Recevoir sa gâterie préférée, une nouvelle couverture ou une photo de famille sont des petites choses qui peuvent apporter un tel réconfort et améliorer la qualité de vie.
Une visite, c’est un visage amical, une personne familière qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance.
Pour les patients vivant en établissement de soins, beaucoup souffrent de troubles neuro-cognitifs ou de démence, le plus souvent de la maladie d’Alzheimer. Pour ces patients, un visage familier, ou même la voix ou le toucher pour ceux qui perdent la vue, peuvent être très réconfortants alors qu’ils naviguent dans les eaux boueuses de cette terrible maladie.
Cela leur permet également de rester éveillés et d’utiliser le langage.
Malheureusement, les masques que nous portons bloquent les indices non verbaux. J’ai remarqué chez mes patients atteints de démence plus avancée qu’il est plus difficile de communiquer avec eux lorsqu’ils ne peuvent pas répondre à des indices non verbaux, comme lorsque je leur retourne un sourire.
Je ressens parfois les effets néfastes de la maladie mentale sur moi-même et mon cœur se brise pour ces personnes âgées. Ce sont les pionniers de notre société, quelques-uns d’entre eux – il n’en reste plus beaucoup – ont combattu pendant la deuxième guerre mondiale, ils sont les gardiens de toute notre histoire passée et leurs voix ne se font presque plus entendre. C’est coincé derrière les murs que la COVID a construits et c’est frustrant.
Ils sont probablement le plus grand groupe de victimes de la COVID, puisque c’est beaucoup plus mortel pour eux. Mais cela leur a également enlevé une grande partie de leur qualité de vie déjà réduite.
Bien que nous disposions de merveilleuses avancées technologiques avec Zoom et Google Meet, je crains que de nombreuses personnes âgées ne puissent pas accéder à ces outils ou ne soient pas en mesure de les utiliser, ce qui les rend plus vulnérables à l’isolement que le virus a créé.
Mon père, qui a 72 ans, me dit souvent: « Peux-tu s’il te plaît m’appeler, je n’aime pas ces absurdités de textos ! »
D’où l’importance d’une vraie visite en direct avec un être cher.
En attendant de pouvoir se visiter à nouveau, pourquoi ne pas téléphoner à un proche ou un ami à qui vous n’avez pas parlé depuis quelque temps? Cela va vous faire du bien à tous les deux.