Il est 23 h. Tia Hammed Sai, coordonnateur occasionnel, remplit le fichier d’information. Après avoir fait quelques appels téléphoniques pour s’assurer que tous les départements ont les employés requis pour la nuit, il se remet à la tâche. Le fichier qu’il remplit permettra au coordo de nuit d’avoir une image claire de la situation de chaque département.
Pendant que Tia s’affaire, Jonathan Pierre, le coordonnateur de nuit, arrive. Il s’ensuit près d’une demi-heure de transfert d’information entre les deux : nombre de lits disponibles sur chaque étage, nombre d’absences (maladies et autres), mouvements de personnel entre les départements, bref, tout ce Jonathan doit savoir pour commencer la nuit.
Il est 23 h 30. Tia remet le téléphone Cisco à Jonathan et quitte pour la nuit. Le téléphone sonne. Durant la demi-heure qui suit, le téléphone sonne à six reprises : il manque quelqu’un au 6C, on a besoin d’un médicament au 5C… le changement de quart de travail est un véritable tourbillon.
À minuit, c’est un départ. Jonathan accroche son téléphone Cisco dans son coup et grimpe les escaliers jusqu’au 6e. Chaque nuit (ou soir), lorsqu’il travaille, c’est le même parcours (à moins d’une situation particulière). En arrivant au 6C, l’équipe s’affaire. Kimberly effectue des tests sur les glucomètres afin de s’assurer qu’ils sont bien calibrés. Tout en travaillant, elle m’explique que ces tests sont en fait des ajustements électroniques nécessaires pour tenir compte des variations des lots de bandelettes. Elle s’assure ainsi que les résultats qui seront obtenus sur ces machines sont fiables.
L’hôpital est étrangement sombre et « calme » la nuit. Il y a de l’activité, mais elle est cachée ou silencieuse.
Jocelyne et Samentas remplissent les dossiers de leurs patients entre deux tournées. Même si les patients dorment pour la plupart, le personnel n’est pas moins occupé que le jour.
Dans la salle de travail du poste des infirmières, on entend les clics étouffés du clavier des ordinateurs.
Les discussions sur l’état d’un patient sont presque inaudibles. Les employés s’assurent que les patients bénéficient d’un environnement propice au sommeil. Ça signifie des couloirs sombres et les lumières des chambres éteintes.
Jonathan prend en note les informations sur le tableau blanc, finit sa discussion avec une infirmière et poursuit sa tournée. En arrivant au 5C, Diane Paulette est au poste des infirmières et ses collègues s’affairent sur l’étage.
« C’est vraiment une équipe formidable au 5C. Ce n’est pas toujours facile de travailler la nuit, mais quand je travaille eux, l’ambiance fait que j’ai le goût de venir travailler! »
Diane Paulette, IA au 5C
Lorsque les membres de l’équipe reviennent au poste, ils acceptent avec plaisir de se faire prendre en photo… avant de retourner à leurs dossiers!
J’aime bien travailler de nuit. j’ai de jeunes enfants, ça me permet de passer plus de temps avec eux.
Infirmière au 5C
Ensuite, direction vers le 4A.
Le poste des infirmières est occupé. Certains patients ont de la difficulté à dormir et d’autres demandent une attention plus particulière.
C’est le cas d’un patient qui n’a pas dormi depuis deux jours.
Infirmière au 4A
Son état est préoccupant, mais pas alarmant.
Ce comportement nocturne erratique vécu dans les hôpitaux et les centres d’hébergement pour personnes âgées, les études le nomment l’effet « crépuscule » (sundowning).
Au coucher du soleil, le comportement, principalement de patients âgés, peut changer radicalement. Ils peuvent devenir confus ou agités et même avoir des hallucinations. Ces patients présentent des signes de délire ou un état de confusion qui peut les amener à faire des choses qu’ils ne feraient pas de jour. Pendant que son infirmière est au poste central, elle surveille les écrans des moniteurs cardiaques de ce patient.
Les conversations au poste se font à voix basse, pour éviter de perturber le sommeil des patients. Un environnement calme la nuit est l’un des éléments clés qui améliorent l’expérience du patient. Le manque de sommeil a d’ailleurs un impact négatif important sur le rétablissement. L’épuisement, l’augmentation du stress et une tension artérielle élevée peuvent contribuer à prolonger certains séjours à l’hôpital.
L’énergie est au rendez-vous au 4C… tout comme les cafés extra larges!
« Pour moi, commencer à 23 h 30, c’est comme pour toi commencer à 7 h 30, ça ne change pas ma routine. j’ai besoin de mon café! «
Préposé de nuit au 4C
L’équipe prend la pause puis repart rapidement s’acquitter de ses tâches. Même si la nuit est « plutôt tranquille » (mais il ne faut pas le dire trop fort, des plans pour leur porter malheur), ils sont tous fort occupés.
Avant de retourner au chevet d’un patient, Josée prend quelques secondes pour raconter une histoire qui fait éclater de rire ses collègues.
Un patient erre dans les couloir du PSM. Ça ne semble pas inquiéter le gardien de sécurité ni Fatima, infirmière autorisée, qui le surveille tranquillement derrière son poste vitré.
« La nuit, c’est normal », affirme Fatima. « On garde les lumières éteintes, ça évite de les stimuler. Et surtout, on essaie de faire en sorte que les patients restent dans leur chambre. Comme ils doivent sortir pour aller aux toilettes, s’ils voient des lumières ou quelqu’un assis dans les aires communes, ça va les stimuler et ils ne voudront plus dormir. »
C’est pour cette raison que les couloirs sont éclairés au minimum. On évite ainsi de stimuler les sens des patients sur tous les étages.
En se rendant vers le CFN, l’interphone appelle un code blanc aux Urgences. Jonathan change sa trajectoire et descend surveiller la situation. Une femme agressive nécessite l’intervention d’une petite équipe. La situation est rapidement sous contrôle grâce à l’efficacité de Jannick et de son équipe.
Jonathan peut donc continuer sa tournée.
Danielle, infirmière autorisée au soins intensifs est de garde au chevet des patients en soins critiques. Cette nuit, trois des quatre lits de son unité sont occupés. Le son des respirateurs se fait doucement entendre. « Pour le moment, la condition de mes patients est stable, mais on ne sais jamais quant ça peut changer… »
« On a du café frais fait si tu veux. » C’est ainsi que Jonathan est accueilli en arrivant au Centre familial de naissance.
La nuit promet d’être mouvementée, plusieurs femmes sont en travail.
Deux infirmières courent vers une des chambres. L’une d’elles revient au poste quelques minutes plus tard.
Un nouvel humain vient de faire son entrée dans le monde!
Jonathan arrive aux Urgences. Il devrait avoir le temps de remplir son fichier avec toute l’information amassée avant de remonter. À peine arrivé, sa pagette sonne. Code ERIC. Il donne quelques instructions, finit rapidement une conversation, ramasse son pad et son stylo et repart en vitesse vers l’unité.
Il est 3 h du matin…