Le 5 octobre 2011 était une belle journée d’automne ensoleillée. Depuis un mois, j’étais stagiaire en administration de la santé à l’Hôpital Montfort. Je partageais un bureau dans le secteur de l’ISM.
Le 5 octobre 2011, aux alentours de 10 h 30, je reçois un appel d’un ami de mon père. Mon père, depuis quelques mois, vivaient des moments très difficiles découlant d’une séparation en cours avec ma mère. Confirmée ou non, il vivait très certainement une dépression. Il était en arrêt de travail. Il avait des idées sombres.
Puis, cet appel. Mon père a envoyé une lettre inquiétante à un ami. Suffisamment inquiétante pour qu’il m’appelle. Suffisamment inquiétante pour que je quitte rapidement l’hôpital en direction de la maison familiale où mon père habitait maintenant seul. En route, je composais encore et toujours son numéro, sans succès. Ce silence, inévitable. Prémisse à ce cri.
Arrivé à la maison, les journaux du jour sont encore à la porte. Ouverture de la porte. Course. Cris. Absence. Et soudain, présence. Présence (sus)pendue. Temps suspendu.
Le 5 octobre 2011, mon père s’est suicidé. Pendu, avec une corde jaune.
Il ne pouvait plus tolérer sa douleur, qu’il croyait infinie. Moi-même, croyais-je, à tort, ne serais plus que douleur. Douleur de ceux qui restent. Douleurs des survivants.
Puis, je vous écris aujourd’hui, plus de sept ans après l’événement. Douleur persistante, mais moins vive. La vie fait son œuvre, et la noirceur du début a fait place à une clarté minuscule, devenant de plus en plus majuscule.
Depuis, j’ai pleuré, ri, me suis marié, suis devenu père.
Les survivants à un suicide… survivent. Puis, progressivement, vivent. Suffisamment pour démontrer qu’aucune douleur n’est insurmontable.
« Parler du suicide sauve des vies », dit-on. En cette semaine nationale de prévention du suicide, je vous partage ce bien personnel message d’espoir.
Parler du suicide sauve de vies.
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