L’aventure d’une équipe des SI à Calgary

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Lors d’une journée comme les autres, mon gestionnaire clinique, Patrice Lampron, nous annonce avec enthousiasme qu’un nouveau concours prendra place pendant l’été. Le concours consiste à créer un journal original, informatif qui porte sur notre unité et ses activités.

Plusieurs membres de l’équipe de soins ont participé au concours, puisque les gagnants se verraient offrir un prix.

Le bulletin hebdomadaire développé par Marie-Joël et Lucie, qui leur a valu de gagner le concours.

Et pas n’importe quel prix! Trois accès pour un congrès renommé de trois jours, organisé par l’Association canadienne des infirmières des soins critiques (CACCN), en plus de l’hébergement et du transport en avion. La conférence « Dynamics of Critical Care » prend place chaque année et se déplace entre trois villes : Toronto, Halifax et Calgary. L’édition 2018, prenant place à Calgary en Alberta, aurait pour thème »Advocacy in critical care: be the one ».

Ma collègue Lucie Souligny, infirmière aux soins intensifs depuis trois ans, et moi-même décidions de tenter notre chance.

Le vendredi 3 août, l’équipe des communications venait nous annoncer les gagnants du concours. Ils nous ont d’abord exprimé la lourdeur de la tâche, car tous les journaux étaient très bons et uniques. Mais leur choix s’est arrêté sur notre journal! Tania Helie-Berniquez gagnait le troisième accès grâce à un tirage au sort parmi tous les participants au concours.

Patrice avec son tambour lors de l’activité « Drumming circles »

C’est le 24 septembre que notre aventure a débutée. À 7 h 30, Patrice, Lucie, Tania et moi nous sommes dirigés vers le Centre Métropolitain de Calgary. Une activité était proposée pour donner le ton à la conférence : tous utilisaient un instrument qui avait été placé à notre portée, sous les directives de l’animateur, pour nous permettre de jouer une mélodie ensemble.

Puis, la conférence d’ouverture du congrès était assurée par Christine Schulman, ex-présidente de l’Association américaine des soins critiques (AACN). Celle-ci nous a offert la chance de s’arrêter pour réfléchir au « pourquoi ». Cette question qui peut nous paraître si exaspérante lorsque posée à répétition par un enfant de deux ans mais qui parfois, à l’âge adulte, n’est malheureusement plus assez posée.

Pourquoi sommes nous infirmières?

La réponse à cette question est souvent complexe, mais pourtant c’est celle qui nous fait revenir au travail jour après jour.

C’est aussi cette raison qui nous pousse à vouloir affiner nos connaissances et compétences et nous affirmer comme professionnelles. Selon elle, les infirmières peuvent toutes se catégoriser dans une ou plusieurs de quatre catégories : feu, air, eau et terre.

  • Les infirmières avec le don du feu peuvent se reconnaître comme celles qui sont ambitieuses, visionnaires, courageuses, confiantes et déterminées.
  • Le don de l’air se manifeste plus par la spontanéité, curiosité, esprit analytique, bonne communication et flexibilité.
  • Compassion, ingénuité, intuition, désir de comprendre et de supporter, qualifie le don de l’eau.
  • Puis, le don de la terre peut être reconnu chez les personnes très concentrées, loyales, toujours bien préparées, avec un bon sens logique et sur qui on peut toujours compter.

À la fin de cette conférence, cette grande dame nous a fait part d’une réflexion de son cru :

Les infirmières sont des championnes surmontant des obstacles pour accomplir ce qui est important.

Nous avons tous trouvé cette conférence très intéressante et stimulante. Pour Tania et moi, ce fut un des moments forts du congrès.

Le programme général était chargé. Des journées s’étalant de 7 h 30 à 17 h avec des conférences de 90 minutes sur des sujets variés. Jusqu’à sept conférences pouvaient avoir lieu simultanément, alors notre petit groupe se séparait pour assister aux conférences qui nous intéressaient le plus. Les sujets pouvaient inclure les rapports interservices, les soins palliatifs et la vision de « la bonne mort », l’intubation difficile et notre rôle comme infirmière, la croissance post-traumatique chez les patients, mythes et réalités des intraveineuses, le stress expérimenté par les infirmières lors d’événements critiques, transformation de l’orientation et transition des infirmières novices, etc.

Lors de la première journée, j’ai assisté à une conférence portant sur le stress relié aux incidents critiques vécus par les infirmières travaillant aux soins intensifs, par mesdames Harvey et Tapp. Les incidents critiques que nous vivons sont multiples et cela a lieu sur toutes les unités d’un hôpital. De la détresse morale à une situation de violence, en passant par une réanimation cardio-respiratoire, de nombreux événements peuvent être considérés comme des incidents critiques. Selon les conférencières, 9 à 45 % des infirmières qui vivront ce type d’incidents expérimenteront des symptômes dysfonctionnels autant physique, émotifs, comportementaux ou spirituels. Les infirmières des soins intensifs sont les plus à risque de dépression, anxiété et syndrome post-traumatique, car elles sont exposées chroniquement à des incidents critiques. Les conséquences possibles incluent la qualité des soins (ex : plus de risque d’erreur de médicament) et un impact sur l’environnement de travail. Celles qui résistent le mieux aux des incidents critiques sont celles ayant le plus de résilience et un support social. La résilience est la capacité à rebondir après des situations difficiles malgré un certain niveau de stress en gardant sa capacité à fonctionner. Toutefois, ces événements peuvent aussi avoir des côtés positifs, comme entraîner une croissance personnelle («post traumatic growth») et professionnelle. Les présentatrices ont abordés les interventions efficaces et en moment opportuns post-événement. Cela est déjà fait après les codes bleus, mais il serait intéressant de voir si les retours en petit groupe ou individuels devraient êtres envisagés pour une plus large gamme de situations.

Lors de la deuxième journée, c’est une conférence axée sur la vision de « bonne mort » de Heather Stokes de l’Université d’Ottawa qui a retenu mon attention. Elle parlait des nombreux défis infirmiers lors d’un accompagnement du patient et de la famille vers des soins de fins de vie. Le taux de mortalité des patients aux soins intensifs est de 10 à 30 % et les infirmières sont les intervenants primaires. Le concept de « bonne mort » est vu par les patients et les familles comme une bonne communication entre la famille et l’équipe, assurer le confort et le respect de la dignité, la présence au chevet, la gestion de la douleur et des symptômes et le respect des vœux. Pour s’assurer d’atteindre ces objectifs, la conférencière met l’accent sur prendre soins les unes des autres, construire une relation rapidement et considérer que c’est un privilège que d’accompagner le patient et sa famille dans les soins de fin de vie. Quand tous pensent qu’ils ont fait de leur mieux et que la communication était très présente, c’est là que la plupart du temps les intervenants et la famille ont le sentiment d’avoir pu donner le meilleur accompagnement possible. Donc, selon elle, cette expérience peut être une des plus difficile mais aussi une des plus satisfaisante.

Le deuxième soir, nous avons assistés à un souper style country auquel toutes les

Lucie au concours de lasso

infirmières du congrès pouvaient assister moyennant l’achat d’un billet pour la soirée. Nous nous sommes donc dirigés en autobus pour le souper, où nous avons eu beaucoup de plaisir.

Lancer du lasso, bull mécanique, caricaturistes et bien d’autres activités étaient au rendez-vous. Ce souper nous a permis de faire connaissances de nombreux infirmières et infirmiers exerçant partout au Canada.

La troisième et dernière journée à passé très rapidement, avec de nombreuses conférences très intéressantes sur de sujets variés et la visite du salon des exposants. Plusieurs compagnies nous permettaient de voir leurs nouvelles technologies et nouvelles créations qui visent l’amélioration de la qualité des soins.

L’équipe des SI et le représentant de B. Braun

Par exemple, un capteur sans fil créé par Phillips pouvait être placé sur le thorax du patient et permettait de suivre la saturation, fréquences cardiaque et respiration. Cette nouvelle technologie peut nous faire rêver au futur de l’équipement, car les câbles et tubulures représentent un défi quotidien aux soins intensifs. Nous avons aussi participé, Tania, Lucie et moi, à un concours de programmation de pompes intelligentes B-Braun que nous avons remporté dans la catégorie des équipes de trois.

Puis, prenait place le spectacle de fermeture où à notre grande surprise un hypnotiseur, Wayne Lee, nous présentait la force de la programmation de notre subconscient pour optimiser nos performances au travail et à la maison. En d’autres mots, il nous a fait comprendre l’importance de la concentration et révéler tout ce qui est possible quand on « se programme » pour réussir, le plus souvent en s’envoyant des messages positifs et en étant ouverts aux possibilités que la vie nous propose. Ses propos nous ont tous beaucoup fait réfléchir et nous a donné des outils d’autonomisation (empowerment). De plus, au travers du discours de M. Lee, plusieurs participants du congrès on été hypnotisés… dont notre gestionnaire Patrice!

Finalement, nous avons vécu une très belle expérience qui s’est avérée très formatrice, intéressante et amusante. Merci à tous ceux qui ont rendu cette expérience possible.

Marie-Joël Bérubé
Marie-Joël a fièrement rejoint l'équipe des soins intensifs à Montfort en février 2018. Auparavant, elle était infirmière en chirurgie urologie-gynécologie-ORL d'un hôpital de sa ville natale, la ville de Québec. Passionnée du volleyball, autant volleyball de plage que intérieur, elle adore aussi voyager. Elle revient d’ailleurs d’un voyage récent en Écosse.