En octobre 2018, l’Hôpital Montfort va célébrer le 65e anniversaire de son inauguration. Normand, Lise, Micheline et Jeanne d’Arc, qui oeuvrent ici depuis plus de 35 ans, nous racontent comment notre hôpital a changé… et qu’est-ce qui reste constant malgré les années.
Normand Bisaillon (depuis 1978)
Je suis né à Montfort, j’étais le 10e de ma famille mais seulement le 2e à naître à l’hôpital; ma famille venait de St-Albert. C’était encore les Filles de la Sagesse qui géraient l’hôpital à l’époque.
Mon beau-frère, Dr Gauthier, m’a recommandé de venir travailler ici, comme plongeur à la cuisine. Je venais d’avoir 18 ans, c’était en 1983. J’ai eu une entrevue et le lundi matin, j’ai commencé à temps plein.
Ensuite j’ai travaillé de nuit comme porteur. Je faisais partie des codes blancs, des codes bleus….
Des fois, je jouais aux cartes ou au tic-tac-toe avec les patients en code blanc pour les calmer. Le laboratoire était au 3e, et quand je devais aller porter un échantillon de sang, je faisais mon X ou mon O et je disais à mon patient de m’attendre 10-15 minutes pour qu’on continue la partie.
Quand j’ai fait ma première réanimation cardiaque, j’étais concentré, tout « trempe en lavette », l’adrénaline dans le corps… à la fin, je me suis dit que je connaissais le patient… c’était mon voisin!
C’est important le service à la clientèle… surtout quand le monde est malade… Il faut aider le plus possible, prévenir le plus possible. Ce sont les valeurs que nos parents nous ont transmises.
Ensuite j’ai été chef d’équipe à la stérilisation, j’ai monté graduellement, j’ai été chef d’équipe porteur, et depuis 2013, je suis gestionnaire à la distribution-logistique.
Quand j’ai commencé à Montfort, je me disais que c’était une job… maintenant, je regarde en arrière et je me dis que j’ai fait une carrière ici…
Je dis souvent que « je suis rentré par la porte d’en avant pis je vais sortir par la porte d’en arrière ». Mes deux filles, Venessa et Sophie, sont nées ici et travaillent ici; mes trois petits-fils sont nés ici. Je compte rester encore au moins 15 ans pour pouvoir travailler ici avec mes petits-fils !
Lise Beauchamp (aide à la nutrition depuis 1978)
J’ai longtemps été à temps partiel, on travaillait 15 à 20 jours en ligne pour remplacer les employés à temps plein, on voulait ramasser des heures, bâtir notre séniorité! On avait hâte de venir travailler, c’était familial comme atmosphère.
Mme Albertine Bertrand était l’aide à la nutrition, elle est centenaire aujourd’hui! Son fils, Maurice Bertrand, était chef cuisinier, et Jean-Guy Giroux était pâtissier. On faisait tout « from scratch ». Louise Soucy était diététiste en chef. La cuisine était immense et l’équipe était de l’or en barre.
Quand le gouvernement a voulu fermer l’hôpital, on a fait des pieds et mains, on a mis les heures pour faire fonctionner le système. Des dames sont venues de Toronto pour implanter un même système à Général, Civic, Riverside et QCH. On a travaillé fort pour implanter le système – c’est ce qui est devenu HFS.
Aujourd’hui, on enlève les ustensiles en plastique et on retourne aux ustensiles en métal – pour l’environnement, le budget, etc. J’en ai vu de l’évolution.
Oui, on est entré dans la technologie et tout ça, mais le côté humain reste le plus important.
Jeanne d’Arc Legault (bénévole depuis 1983)
Il y a 35 ans, mon garçon m’a suggéré de faire du bénévolat. Je sais pas s’il trouvait que je me n’ennuyais! J’ai vu un message dans le bulletin paroissial et je suis devenue bénévole à Montfort. J’ai commencé dans l’artisanat, ensuite j’ai emmené les patients au centre de soins de longue durée, en arrière.
Ensuite j’ai pris la charge des tourtières. J’ai rajouté les tartes et les marinades parce que ça se vendait bien : 1 200 bocaux, 1 200 tartes, 1 200 petites tourtières et 4 000 grosses tourtières. J’ai été obligée d’augmenter les quantités à chaque année!
J’avais un beau groupe, on a toujours eu des bonnes bénévoles. On commençait à 6 h 30 et on continuait jusqu’à 14 h 30, on faisait au moins 400 tourtières par jour. On commençait en septembre avec les marinades et on continuait jusqu’à la fin novembre.
Au début je n’avais pas d’eau dans mon local, on avait un gros baril pour se laver les mains… Un jour j’ai rencontré le directeur et quand il a compris qu’on n’avait pas d’eau, le lendemain les plombiers sont venus nous installer ça!
Quand on a arrêté de faire des tourtières, j’ai continué à faire du bénévolat. Maintenant je m’implique surtout pour la St-Valentin et la vente de livre.
J’ai 83 ans, je suis toujours libre pour aller aider quand on me demande de l’aide. La seule chose, c’est qu’ils ne veulent plus que je lève des boîtes de livres, même si je suis plus forte qu’un homme!
Micheline Marquis (infirmière autorisée, depuis 1978)
Quand je suis arrivée à Ottawa, je venais d’Edmunston (Nouveau-Brunswick). L’Hôpital Montfort avait l’air d’être le même hôpital que celui à Edmunston. J’ai décidé que c’est là que je voulais travailler. Ils m’ont embauché deux semaines après…
Le 6 mai, ça a fait 40 ans que je suis ici.
Je suis à la retraite depuis neuf ans et je reviens encore travailler aux cliniques ambulatoires, parce que j’aime ça.
C’était une grande famille. C’est certain que dans un hôpital de 400 employés, tu connais tout le monde et tout le monde te connait. Mais dans nos équipes on se sent encore comme des petites familles. C’est une belle atmosphère ici aux cliniques.
J’ai encore ce sentiment d’appartenance que j’avais depuis le début.
J’ai fait beaucoup d’enseignement pour des infirmières, et des médecins aussi des fois – ils ont besoin d’apprendre des vieilles nurses comme moi, en sortant de l’école!
Le lundi 15 octobre, nous célébrerons le 65e anniversaire de l’Hôpital Montfort! Plus de détails suivront sous peu.