Francis « MontfortMan » Thériault

3131

Francis Thériault est physiothérapeute à Montfort. À l’extérieur du travail, il est un triathlonien extrême. Cet été, il a complété deux autres triathlons extrêmes : un en Suisse, l’autre en Alaska. Il nous raconte son expérience.

Cet été, je me suis mis au défi à nouveau en participant à deux triathlons (nage, vélo, course) de distance IronMan (environ 3,8 km de nage, 180 km de vélo et 42,2 km de course) dans des conditions extrêmes. À la fin juin, je me suis rendu en Suisse pour le Swissman XTRI et je viens tout juste de compléter à la fin juillet l’Alaskaman XTRI, en Alaska.

Deux photos du même homme qui célèbre
Francis à la course SwissMan et AlaskaMan

Ces triathlons sont considérés comme extrêmes, non seulement à cause de la distance, mais aussi à cause des intempéries et du relief. Par exemple, en Suisse le dénivelé positif total de la course est de 5500 m, où il est demandé à chaque athlète de franchir à vélo trois cols qui sont dignes du tour de France et de terminer à la course par l’ascension du Kleine Scheiddegg qui demande de gravir 1000 m de dénivelé en moins de 10 km. Pour ce qui est de l’Alaska, les athlètes devaient affronter une nage plus longue (4.3 km) dans la Resurrection Bay qui avait une température oscillant entre 7 et 10 ˚C. Ensuite, compléter la distance à vélo sur l’accotement de la seule autoroute reliant Seward à Girdwood et terminer à la course en montant le Mont Aleskya non pas une, mais deux fois. Heureusement, la météo a été clémente cette année lors des deux courses.

Francis en Alaska

Depuis ma dernière course de ce genre en 2016, en Norvège, je trouve que l’expérience gagnée m’a permis de mieux planifier mes entraînements et ma préparation en vue de ces courses. J’avais un plan établi auquel je pouvais faire confiance, car je savais qu’il était prouvé… ou peut-être pas…

Ce que je veux dire, c’est que j’étais plus en mesure de structurer mes entraînements individuellement et que je savais comment aborder la préparation mentale nécessaire à affronter des courses de cette envergure; par contre, j’ai réalisé pendant chacune de ces courses que nous n’avons pas les reliefs nécessaires pour faire les entraînements ici en Outaouais. Monter cinq fois le Belvédère Champlain à vélo n’est pas l’équivalent de monter pendant presque deux heures en continu une pente avec une moyenne de 8 % d’inclinaison comme peut le représenter le Gotthardpass en Suisse, par exemple.

Les organisateurs de la course en Alaska nous avaient recommandé de faire beaucoup d’entraînements en pente et du StairMaster, mais il reste tout de même difficile de s’entraîner à courir dans des inclinaisons allant jusqu’à 28 % d’inclinaison, alors qu’un tapis roulant ne peut aller à plus de 15 % d’inclinaison.

Que dire de la préparation pour la natation en Alaska ? Ici, l’eau des lacs au mois de juillet est à 18-20˚C et non pas à 7-10˚C; après mon expérience de la Norvège, je savais que ce n’était pas un détail à négliger. Alors, pendant un mois avant la course, je prenais des douches strictement à l’eau froide pour éviter le choc thermique au contact de l’eau froide lors de la journée de la compétition.

Le goût du dépassement

Francis à la nage

Ce qui me pousse à défier mes limites dans ce type de course est surtout le goût de l’aventure et du dépassement. J’ai toujours été quelqu’un qui a le goût de repousser mes limites et d’être capable de me dire que « jamais je n’abandonnerai et ce n’est pas vrai que cette course-là (ou un autre événement de ma vie) aura le dessus sur moi! »

De plus, les courses extrêmes comme celles-ci sont souvent dans des décors enchanteurs qui se retrouvent dans les coins du monde qui sont habituellement seulement fréquentés par les locaux. Cela me permet donc de voir des paysages d’une grande beauté et d’aller dans des endroits oui isolés, mais tellement magnifiques. Le bonheur dans tout cela est que j’ai la chance de le combiner avec un sport qui me passionne, soit le triathlon. Pour le dire simplement, ça permet à ma conjointe et moi de voyager à plusieurs endroits dans le monde et de m’amuser en forçant un petit peu… 😉

C’est certain que de participer à une activité physique comme celle-ci requiert beaucoup de préparation. Pour m’assurer d’être prêt à affronter les obstacles, je m’entraîne à raison de 6-7 jours par semaine et bien souvent ces journées comportent plus d’un entraînement. Je cumule entre 9 h et 15 h d’entraînement par semaine.

Pour la spécificité de chacune de ces courses, je modifie mon entraînement en fonction des demandes de chacune. Par exemple, afin de simuler les Alpes Suisses lors du parcours vélo du Swissman, j’ai dû faire du vélo dans mon sous-sol pendant plus de 5 h à résistance élevée. C’était la seule façon d’y arriver, puisque nous n’avons rien qui se compare à cela à proximité.

Un peu fou vous me direz… certainement, mais c’est tellement nécessaire.

Pour simuler les inclinaisons de la course à pied, j’allais courir la montagne de ski au Camp Fortune, afin d’avoir la sensation d’étirement des mollets lorsqu’ils sont placés dans pentes dépassant le 8 %. Pour la natation, deux éléments ont été essentiels. J’ai commencé à nager au mois de mai, alors que l’eau était seulement à 12˚C et j’ai enlevé ma combinaison isothermique (wetsuit) dès que ça a été possible…

Un des aspects les plus importants dans ma préparation, c’est les gens qui m’offrent du soutien. Je ne pourrais jamais y arriver seul. J’ai la chance d’avoir une conjointe TRÈS compréhensive et dévouée, une famille incroyable, des amis et des collègues en or et sans oublier des commanditaires qui embarquent dans mes aventures les plus folles (#Compressport, #Naak, #Centrevélolashop).

Ce qui est le plus difficile pour moi, c’est de gérer le niveau de fatigue. En faisant un calcul rapide, il n’est pas trop difficile de voir que si je fais tout cet entraînement en combinaison avec un travail de physiothérapeute à temps plein et une vie familiale/sociale remplie, eh bien, il ne reste plus grand temps pour dormir.

Un de mes plus grands défis demeure de gérer mon horaire de façon à profiter de mon sport, sans qu’il nuise à ma qualité de vie et à ma santé. Heureusement, avec les années j’ai développé des stratégies à ce niveau et bien qu’elles soient toujours imparfaites, j’ai progressé beaucoup dans cet aspect de ma vie. C’est bien de faire ce que je fais présentement, mais je veux aussi m’assurer de le faire pour encore longtemps et je veux que tous les gens qui m’entourent puissent en profiter autant.

Un sport triple, un sport unique

La discipline du triathlon que je préfère est la course, puisque c’est cette dernière qui m’a amené à essayer le triathlon. En tant que coureur, j’avais comme but de participer au mythique marathon de Boston. J’ai eu la chance de m’y qualifier en 2011 et 2014, mais ensuite j’étais à la recherche d’un nouveau défi et le triathlon s’est alors inséré dans ma vie dans le but d’atteindre d’autres objectifs.

Ceci étant dit, le triathlon est un sport triple et il est impossible de performer globalement si toute l’emphase est sur un seul sport, alors il faut l’aimer dans son ensemble. Comme je le dis souvent, le triathlon est un sport unique qui comporte plusieurs épreuves qui s’enchaînent successivement.

Comme mentionné, les triathlons extrêmes me permettent de voyager dans des coins du monde qui m’étaient jusqu’à ce jour inconnus. Un avantage à tout cela est que ma conjointe et moi utilisons aussi ces opportunités comme vacances-voyage. Alors nous prenons souvent du temps avant et après pour visiter le reste de ces pays.

Si j’avais à choisir un moment marquant pour moi en Suisse qui n’est pas relié à la course, je dirais que mon lever le lendemain de la course dans un chalet de ski en plein milieu des Alpes dans la région de Grindelwald était tout simplement magique. Pour ce qui est de mon voyage en Alaska, bien que celui-ci fût plus court, j’ai tout de même eu la chance de faire une croisière d’une journée qui m’a permis d’observer 26 glaciers dans toute leur splendeur.

Francis Thériault au sommet d’une montagne en Alaska

Le prochain défi que j’aimerais me lancer serait de compléter le triplé XTRI (série de triathlon extrême). J’ai maintenant complété le Norseman et le Swissman, alors il ne me reste plus que le Celtman en Écosse. J’espère y être sélectionné d’ici les deux prochaines années. J’aimerais aussi compléter le Canadaman, puisqu’il s’agit du petit frère de ces grandes courses et il a lieu tout près d’ici, soit au Lac Mégantic.

Si ça vous intéresse de suivre mes aventures, vous pouvez aller lire sur ma page Facebook : Francis Thériault – On part pour le Swissman/Alaskaman XTRI 2018.


Vous avez aimé cet article? Lisez l’expérience de Francis avec le Norseman, un triathlon extrême en Norvège, il y a deux ans.

Francis Thériault
Francis est physiothérapeute à Montfort. À l'extérieur du travail, il est un triathlonien extrême qui aime se lancer de nouveaux défis.