Suzanne Robichaud fait partie de l’équipe Montfort en tant que vice-présidente des services cliniques et Chef de la pratique infirmière depuis juillet 2016. Avant de venir à Montfort, elle était au Nouveau-Brunswick… et a travaillé un peu au Mali, en Afrique.
En effet, de 2003 à 2008, Suzanne passait 1 à 2 semaines par année à Bamako au Mali en tant que membre d’une équipe de Néo-Brunswickois qui participaient à un projet de collaboration et d’échange avec le Ministère de la Santé du Mali.
Ce programme, financé par l’IPAC International, avec pour but de partager les connaissances et les expériences touchant un éventail de questions de gouvernance et d’assurer la mise en place d’un environnement favorable au développement durable.
« En assurant un transfert de connaissance au lieu d’un don monétaire, nous voulions apprendre l’homme à pêcher au lieu de lui donner le poisson, » dit Suzanne. « Ce qu’on pouvait leur offrir n’était pas de l’argent, mais plutôt du coaching et de l’appui stratégique. »
Le programme auquel Suzanne a participé comportait trois axes principaux, soit la prévention des infections nosocomiales; la gestion et maintenance du matériel biomédical; et la télésanté.
Suzanne était affectée à l’aspect de télésanté étant donné son rôle de Directrice de la télésanté au Réseau de santé Vitalité (Nouveau-Brunswick).
« L’hôpital pour lequel je travaillais m’a encouragé à participer à ce projet, » se souvient-elle. « Nous allions au Mali deux semaines et l’équipe du Mali venait nous voir deux semaines par année. Quand j’allais là-bas, c’était pour le développement d’un projet au complet. Par exemple, je les aidais à savoir comment aller chercher l’appui du ministre, avec la planification du changement, le développement d’objectifs stratégiques et de sessions de formation et la création d’un site Web. »
Avant d’entamer son projet au Mali, Suzanne était infirmière-chef en néphrologie, et s’occupait des gens avec des problèmes de reins et qui avaient besoin de dialyse. Ils venaient tout juste de changer les appareils de son hôpital, donc elle a organisé avec un le club Rotary de Dieppe, organisme à but non lucratif, que les anciennes machines (et plusieurs autres équipements dont l’hôpital ne servait plus) soient envoyées au Mali. Ils ont aussi fait venir des gens du Mali pour les former avec les appareils. Grâce à Suzanne, une dizaine d’appareils de dialyse ont été envoyés au Mali. Dès les premières 24 heures, 14 enfants ont pu avoir recours à la dialyse, sans quoi ils seraient décédés.
Pendant son temps au Mali, Suzanne a aussi contribué à la création du Service national de la télésanté, auquel environ 30 employés travaillent encore aujourd’hui.
Le but d’amener la télésanté au Mali était d’améliorer l’accessibilité des populations éloignées (dans la brousse) aux soins de santé à l’aide de la technologie.
« Utiliser la technologie de télésanté ne veut pas nécessairement dire tout l’équipement moderne comme nous avons ici, ça peut être fait à l’aide d’un téléphone cellulaire, » explique-t-elle. « Sur le terrain, on allait évaluer la situation, négocier avec les districts pour permettre la connexion internet haut débit, offrir de la formation dans les petites régions et lancer la télésanté pour leur communauté. »
Pour réaliser les différents projets, l’équipe de Suzanne a eu recours à une approche participative, qui incluait des travaux de groupe, des débats en plénière, et des synthèses des travaux, entre autres. Tout au long du processus, ils s’assuraient d’évaluer le plan d’action, l’état d’avancement du projet, et de valider les éléments importants de la phase de mise en œuvre avec l’équipe de direction.
Les résultats concrets d’infrastructure en télésanté, des activités de télésanté et des nouvelles ressources humaines formées en télésantés ont fait de ce projet un succès.
Et, qu’est-ce qui a motivé Suzanne à s’impliquer?
« Je trouve ça tellement intéressant d’en apprendre davantage sur d’autres systèmes de santé, je suis fascinée par les différentes cultures et j’adore en découvrir l’histoire d’autres pays, » ajoute-t-elle. « Par exemple, ici on tient pour acquis le travail d’équipe. Là-bas c’est beaucoup plus hiérarchique comme dynamique, il faut s’adapter. J’ai rencontré de belles personnes, c’était absolument incroyable la qualité des gens tant dans mon équipe qu’au Mali. Je me suis liée d’amitié avec plusieurs d’entre eux. Un Malien est d’ailleurs venu me visiter à Ottawa il y a quelques semaines et je reçois encore des cartes de Noël du Mali. »
Le Mali en chiffres :
12 millions d’habitants
70 % en zone rurale, 30 % en zone urbaine
48,7 % moins de 15 ans
48,6 ans (femmes) et 46,2 ans (homme) d’espérance de vie
Cette expérience a permis à Suzanne de grandir tant au niveau personnel que professionnel.
« Je pense que j’en suis ressortie une meilleure gestionnaire, » avoue-t-elle. « J’ai dû apprendre à m’adapter à un milieu différent, j’ai été sensibilité à une autre culture, j’ai dû m’assurer de bien évaluer les besoins en communiquant efficacement et j’ai eu la chance de travailler avec plusieurs types de personnes. C’est tellement important de créer une relation humaine avant de procéder à une relation professionnelle. »
Le plus grand défi pour Suzanne pendant son expérience : pratiquer sa patience.
« La gestion du temps n’est pas pareille qu’ici au Mali, » dit-elle en riant. « Desfois, on n’arrivait même pas à commencer l’ordre du jour avant 17 h, mais on devait passer à travers tous les éléments. Ça m’a appris à être beaucoup plus patiente. Un Malien m’a dit que ‘nous les Africains on tue le temps, et vous les Canadiens, le temps vous tue’… et c’est bien vrai! »
Pour l’instant, la carrière de Suzanne ne lui permet pas de faire d’autres missions humanitaires, mais c’est certainement quelque chose qu’elle considère pour sa retraite.