Qu’il s’agisse de réparer des trous dans les murs ou les plaies des patients, Valérie Chaplain, infirmière stomothérapeute à Montfort, est animée d’une passion pour aider autrui.
Que de chemin parcouru pour devenir infirmière stomothérapeute! Après ses études secondaires, Valérie a obtenu un baccalauréat en biologie. Elle s’imaginait poursuivre à la maîtrise et peut-être enseigner cette science. Cependant, la vie lui avait tracé une autre voie. Valérie a décidé de devenir entrepreneure en construction. Pendant 12 ans, elle a accompli toutes les tâches, de la couverture de toits au remplacement de fenêtres, en passant par l’installation de planchers en bois franc et en céramique.
Puisque Valérie devait soulever fréquemment des objets plus lourds qu’elle, ce domaine de travail a fini par lui causer des douleurs physiques. C’est alors qu’elle a décidé de retourner aux études. N’ayant pas encore cerné ses intérêts, elle a passé un peu de temps à explorer ses possibilités.
Vers la même période, deux de ses amis proches ont souffert d’un cancer. Valérie les a accompagnés tout au long de ce parcours très difficile, sans oublier leur famille, en leur offrant soutien et réconfort.
Après le décès de son deuxième ami, Valérie est partie à l’aventure au Laos avec un groupe de touristes, afin d’explorer à pied les régions les plus reculées de ce pays d’Asie du Sud‑Est. Un jour, alors que Valérie se trouvait dans un village isolé, une femme du village est venue chercher de l’aide : son bébé présentait un énorme abcès. Étant elle-même mère de quatre enfants, Valérie a offert de lui prêter secours, d’autant plus qu’elle transportait une grande trousse de premiers soins.
Valérie se souvient de la scène comme si c’était hier. « Je me suis assise par terre, je me suis désinfecté soigneusement les mains, puis j’ai dit à la mère de bien tenir son bébé, parce que ça allait faire mal. J’ai appuyé sur l’abcès et une fontaine de pus en est sorti. Quel soulagement! Les acclamations des villageois et de mon groupe m’ont fait vivre un moment extraordinaire. Ensuite, j’ai nettoyé la plaie et je me suis lavé les mains. Je me suis levée, puis je me suis retournée : ce que j’ai vu alors m’a bouleversée. Des gens du village avaient formé une longue file d’attente, car ils voulaient recevoir des soins eux aussi. J’ai fait de mon mieux pour leur venir en aide. »
Lorsqu’elle est revenue au Canada, Valérie a entrepris immédiatement ses études pour devenir infirmière stomothérapeute. Après avoir obtenu son baccalauréat en sciences infirmières, elle a suivi une formation de 13 mois offerte par Nurses Specialized in Wound, Ostomy, and Continence Canada. Par la suite, elle a posé sa candidature auprès de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada afin d’obtenir sa certification officielle en stomothérapie.
Qu’est-ce que la stomothérapie? Il s’agit de trois domaines d’expertise réunis en une seule spécialité : les soins des plaies, des stomies et de l’incontinence.
L’infirmière stomothérapeute prodigue des soins aux personnes qui éliminent par une stomie. Elle intervient également auprès des personnes présentant des plaies qui guérissent mal et de celles éprouvant des difficultés liées à l’incontinence.
Bien que les plaies entraînent l’hospitalisation d’un faible pourcentage de la population, la complexité et l’impact de ces cas sur le système de santé sont importants. Non seulement les coûts liés au soins des plaies s’avèrent-ils très élevés, mais ils occasionnent des répercussions considérables sur la qualité de vie des patients.
La prévention est donc essentielle, et c’est là que l’infirmière stomothérapeute entre en scène. En la présence d’une plaie, l’intervention rapide contribue à diminuer le risque d’infection et de retard de cicatrisation et, par conséquent, les coûts liés aux complications. L’infirmière stomothérapeute peut également réduire le nombre de visites de la clientèle stomisée au service des urgences.
Depuis maintenant cinq ans, Valérie est la seule infirmière stomothérapeute exerçant à Montfort. Elle prodigue des soins, transmet de l’information et offre des séances d’éducation à ses patients. Elle propose aussi de la formation, des conseils et des pratiques exemplaires à ses collègues. Par ailleurs, Valérie a ouvert une clinique afin d’assurer le suivi régulier de ses patients stomisés. Chaque année, elle vient en aide à quelque 400 patients à l’hôpital et à environ 150 patients à sa clinique, cumulant ainsi plus de 1300 consultations au total. (Ce nombre comprend plusieurs consultations auprès des mêmes patients.)
« Dans le domaine des soins des plaies, il n’existe pas de recette magique. Chaque cas est différent. Une myriade de facteurs exigent l’évaluation individuelle de chaque plaie et de chaque cas », a précisé Valérie. « Les soins des plaies est une spécialité dynamique, et cet aspect constitue son plus grand défi. Par conséquent, il faut constamment réviser son jugement clinique et réévaluer la plaie au fil de son évolution. L’expérience nous permet de bien choisir la démarche à adopter et le bandage à utiliser pour le traitement de chaque plaie. C’est pourquoi tous les hôpitaux peuvent tirer parti de l’expertise des infirmières stomothérapeutes. »
Les infirmières stomothérapeutes qui travaillent en milieu hospitalier jouent un rôle de passage dans la vie de leurs patients stomisés. Elles veillent au bon déroulement de leur séjour à l’hôpital et à la prise en charge autonome de leur stomie. Cependant, elles ne peuvent pas offrir de soutien à long terme, et c’est pourquoi peu de temps après son arrivée à Montfort, Valérie a ouvert un service de consultation externe pour les patients stomisés.
« Je devais absolument m’assurer que les patients reçoivent un suivi et un soutien adéquats. En effet, certains d’entre eux vivront avec une stomie pour le reste de leurs jours. »
Quelles qualités faut-il posséder pour devenir infirmière spécialisée dans le soin des plaies, des stomies et de l’incontinence? Il faut démontrer beaucoup de compétences en leadership. Tout le monde sollicite notre opinion, des chirurgiens aux membres du personnel infirmier en passant par les patients et leur famille. Il faut aussi avoir confiance en soi, en ses connaissances et en ses compétences pour offrir des conseils et de la formation. Il faut manifester de la compassion, compte tenu de la vulnérabilité des clients auprès desquels on intervient. Enfin, il faut faire preuve de curiosité et d’humilité, sachant que notre domaine est en constante évolution, et demeurer au fait des pratiques exemplaires.
Valérie se passionne pour la recherche. Elle a publié un article dans le Journal of Wound Ostomy & Continence Nursing et elle a approuvé la traduction française d’un outil de classification des déchirures cutanées en collaboration avec 92 infirmières et infirmiers. Elle entreprendra bientôt un projet de recherche financé par l’Institut du Savoir Montfort, afin de valider une méthode de mesure plus efficace du pH des plaies.
En plus de terminer sa maîtrise en soins des plaies, Valérie se consacre à l’éducation. Grâce à son infolettre mensuelle (Info-Stomo, disponible au Portail Montfort), à la Foire des plaies ou la Journée de prévalence des lésions de pression, ainsi que ses formations régulières des « champions » dans le domaine des soins des plaies, Valérie est devenue une source d’inspiration pour ses pairs, tout en faisant briller son étoile à Montfort.
Valérie a également remporté le prix de la Fleur des valeurs au Gala des Astéria en 2015 : par sa pratique quotidienne, elle représente toutes les valeurs de Montfort.