Don d’organes : signez don!

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Suzanne Bélair, infirmière autorisée au 4C réadaptation qui travaille à Montfort depuis 1989, connait trop le stress d’attendre un don d’organe pour quelqu’un que l’on aime.

« Ma sœur est née avec des malformations congénitales cardiaques. Elle a eu son premier pacemaker à 18 ans. Elle a travaillé pendant plusieurs années comme éducatrice en service de garde; elle s’est mariée et a adopté un garçon puisqu’une grossesse aurait été dangereuse pour elle. Mais là, elle était rendue à faire de l’insuffisance cardiaque et elle ne pouvait plus travailler. En avril de cette année, à 48 ans, elle a été mise sur une liste d’attente pour un cœur. »

« Le 21 octobre, à 1h50 de la nuit, elle a reçu un appel disant qu’un cœur était disponible pour elle. »

La sœur de Suzanne est encore en traitement – un nouveau cœur, ça prend des soins et du temps pour bien s’enraciner… mais elle va mieux.  « On espère qu’elle sera sortie pour Noël. Elle a des rêves, elle veut voyager… Elle veut aller à Paris pour rencontrer une autre personne qui a la même maladie qu’elle, elle l’appelle sa « sœur de cœur », avec qui elle communique sur Facebook. »

L’identité du donneur est tenue secrète, mais Suzanne explique que sa sœur va écrire une lettre à la famille pour les remercier et leur dire comment sa vie a changé, combien elle apprécie le don. Le Réseau Trillium pour le don de vie, qui coordonne les dons d’organes en Ontario, va transmettre le message à la famille du donneur.

Une reconnaissance provinciale pour Montfort

Groupe de personnes à la célébration du Trillium
Remise de prix de reconnaissance du Réseau Trillium pour le don de vie

Justement, une équipe du Réseau Trillium était de passage à Montfort au mois de novembre. Ils venaient reconnaître les membres de l’hôpital pour le travail accompli en vue de sauver des vies grâce au don d’organes. En effet, Montfort a atteint un taux de conversion de 100 % (le taux de conversion est établi par le nombre de donneurs potentiels qui deviennent des donneurs).

L’hôpital a reçu une plaque et des certificats de reconnaissance ont été remis aux « héros méconnus » en matière de don d’organe à Montfort. Des gens travaillant au bloc opératoire, aux soins intensifs et au 4A ont ainsi été honorés lors de la courte cérémonie.

À l’échelle de la région, le Réseau Trillium a récompensé 5 hôpitaux d’Ottawa pour leur taux de conversion; puisque L’Hôpital d’Ottawa et CHEO ont chacun remporté une distinction additionnelle, le compte s’élève à 7 prix pour les centres hospitaliers d’Ottawa, soit plus que toute autre ville de l’Ontario. (Toronto en a obtenu seulement six!)

La PDG du Réseau Trillium, Mme Ronnie Gavsie, a aussi noté que le taux d’inscription comme donateur est de 38 % à Ottawa comparativement à 32 % pour la province. « Ça me dit que la région est une communauté chaleureuse… avec un petit côté compétitif », a-t-elle ajouté avec un sourire.

Dans les hôpitaux d’Ottawa, des donneurs d’organes ont contribué à sauver la vie de 121 personnes l’an dernier. On compte également près de 200 donneurs de tissus provenant d’Ottawa pour 2016-2017.

La veille de son entrevue pour entrer en médecine à l’Université de Montréal, Dr Bernard Leduc, PDG de Montfort, a appris que son père allait enfin recevoir une greffe du rein après des années de dialyse. « Moi aussi j’ai vécu l’inquiétude de l’attente… et le don d’organe m’a permis de garder ‘mon petit papa’ pendant 16 ans! »

Comment ça se passe, un don d’organe à Montfort?

Véronique Papineau est infirmière autorisée aux Soins intensifs. C’est aussi une championne en don d’organe, en compagnie de sa collègue Cathy Mahoney et de Renée Gagnée, éducatrice clinique.

« Montfort a toujours participé aux dons de la cornée, et depuis 2012 on faisait aussi des dons de tissus. Cependant, nous devions transférer le patient dans un autre hôpital tel que le Civic ou le Général afin de procéder aux prélèvements des organes. Depuis 2013, Trillium nous a mandaté pour pouvoir faire les dons d’organes ici », explique Véronique.

Véronique Papineau, Renée Gagné et Cathy Mahoney avec un certificat du Réseau Trillium
Véronique Papineau, Renée Gagné et Cathy Mahoney

« Dès qu’on identifie certains critères, on avise Trillium : ça lève un drapeau rouge qu’il y a un donneur potentiel à Montfort. » Il faut comprendre que plusieurs cas ne sont pas éligibles, par exemple si le patient a eu une infection ou un cancer; mais c’est le Réseau Trillium qui fait le screening. « Comme on n’est pas un hôpital primaire, on s’attend à environ un cas par année », ajoute-t-elle.

Véronique souligne ici un élément très important :

On continue à donner des soins exemplaires au patient, jusqu’à la dernière seconde.

Elle fait aussi la distinction sur les circonstances du décès, qu’il s’agisse d’un arrêt cardio-circulatoire, par exemple lorsqu’un patient décède suite à une longue maladie, ou d’un décès neurologique, par exemple suite à un accident – ce dernier ne représente qu’environ 1% des dons d’organe.

Ce sont des membres du Réseau Trillium qui ont la délicate tâche d’approcher la famille.

« Quand la famille prend la décision, le processus commence pour les infirmières, les médecins, les thérapeutes respiratoires, l’anesthésiste, les représentants de Trillium, le commis qui entre la paperasse dans le système, même le bénévole qui accueille la famille à l’entrée… c’est le travail de toute une équipe », affirme Véronique.

L’équipe du bloc prend le patient en charge, et le prélèvement lui-même se fait par les équipes du Réseau Trillium. « Une équipe vient pour chaque organe, et ils vont escorter l’organe jusqu’à l’hôpital où se trouve le receveur. »

Selon Véronique, « comme professionnel, notre but est d’offrir cette option aux familles quand le pronostic d’un patient est pauvre. Quant aux familles des donneurs qui acceptent de faire ce don, malgré la peine, ça les aide de savoir qu’ils ont fait une différence dans la vie de quelqu’un d’autre, ça les aide à faire le deuil. »

« C’est important de signer notre carte et de dire à nos familles que c’est notre souhait », conclut Suzanne. « Il y a beaucoup de gens qui attendent, ça sauve des vies, ça amène de la joie, ça créé de l’espoir… »


Pour plus d’information sur le don d’organe, visitez le site du Réseau Trillium pour le don de vie.

Pour confirmer votre consentement au don d’organe :

Geneviève Picard
Geneviève est directrice de l'équipe des communications à Montfort depuis 2014, et vice-présidente depuis 2023. Quand elle n'est pas en train d'écrire pour le Journal Montfort, elle est maniaque de lecture, adore le yoga, chante dans une chorale, vient travailler en vélo mais seulement quand il fait beau, et ne fait jamais, jamais la cuisine.