Chaque année, environ 200 000 personnes s’engagent sur les divers sentiers qui mènent jusqu’à la ville de St-Jacques de Compostelle, en Espagne. Le « chemin de Saint-Jacques », ou pèlerinage de Compostelle, est fréquenté depuis le Moyen-Âge et passe par de nombreux petits villages en France, en Espagne et au Portugal, selon le sentier choisi.
C’est seule, avec ses bottines de marche et son sac à dos, qu’Hélène Brunette, gestionnaire du service cardiopulmonaire, a débuté son pèlerinage à Tui, sur la frontière de l’Espagne et du Portugal, le 28 mai dernier après un voyage de deux semaines en Europe avec sa fille.
Bravant des températures de 28 C au soleil, Hélène a marché 115 km en cinq jours jusqu’à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Ayant comme objectif de vivre une expérience authentique, Hélène a décidé de séjourner dans des auberges de pèlerins pendant son parcours.
« Ces auberges ressemblent un peu à des auberges de jeunesse, » explique Hélène. « Les dortoirs dans lesquels je suis restée variaient entre quatre et 30 lits, il y avait une douche commune, une cuisine commune et parfois un endroit pour faire du lavage. C’est l’endroit idéal pour rencontrer des gens qui font le même parcours que nous à la fin d’une longue journée de marche. C’est l’occasion de partager nos expériences et nos cultures. »
Pour entreprendre une marche 115 km, on doit avoir une inspiration. « Ma sœur a déjà fait le chemin français et c’est en partie d’elle que j’ai eu l’inspiration pour ce voyage, » raconte Hélène. « Je voulais relaxer et prendre le temps de méditer. Prendre le temps d’apprécier ce que j’ai et ceux qui m’entourent et vivre une expérience spirituelle. J’avais besoin de me ressourcer, de me retrouver seule, de retrouver la paix. Et… ça a fonctionné! »
Bien qu’elle ait fait le parcours seule, Hélène a rencontré plusieurs personnes sympathiques pendant son voyage. « On rencontre des gens exceptionnels. Ce qui m’a marqué c’est la bonté des gens. C’est comme si tu es sur un nuage et tu te sens protégée. Tout le monde s’en va dans la même direction et est dans le même état d’esprit, » dit Hélène. « Les gens sont dans l’esprit de socialiser, d’aider, de partage et de tolérance. Ça te permet de rencontrer des gens de partout à travers le monde. Je me suis liée d’amitié avec deux personnes en particulier : une dame de la République tchèque et un médecin de l’Italie. On a fait des bouts de chemin ensemble. »
Deux ans avant son départ pour l’Espagne, Hélène avait entrepris des cours d’espagnol avec comme objectif de pouvoir se pratiquer pendant un voyage. « Ça m’a permis de communiquer avec des gens qui parlaient uniquement l’espagnol, » dit Hélène. « C’était pratique et intéressant! »
Le pèlerinage, c’est aussi un défi physique. Pour se préparer Hélène a pratiqué la méditation avec Jocelyne Albert au sein du programme santé mieux-être. Elle marchait aussi 10-15 km avec son sac à dos les fins de semaine en plus de se joindre à l’Association de Compostelle du Québec pour des marches organisées et des ateliers préparatoires.
« Je me suis bien préparée. Je n’étais pas trop fatiguée physiquement. C’est certain que tu as un peu mal aux pieds et au dos après avoir marché 25 km, mais c’est au niveau émotionnel que c’était plus difficile, » se souvient Hélène. « La dernière journée en particulier était très émotive parce que je finissais mon voyage et que c’était trop court. C’était le plaisir d’arriver à Santiago, le plaisir d’avoir rencontré des gens incroyables et la satisfaction d’avoir accompli mon défi. »
Après sa marche, Hélène a pris le temps d’aller à Fistera, un village sur le bord de la mer que les Espagnols surnomment « la fin du monde » et qui est en fait le point le plus à l’ouest de l’Espagne.
Décrivant son expérience comme trop courte, inoubliable et exceptionnelle, Hélène compte retourner faire d’autres pèlerinages au courant des prochaines années. Le recommanderait-elle aux autres? « Oui… mais pas à tout le monde! Il faut être dans le bon état d’esprit et vraiment avoir une capacité de tolérance. Pour vivre la pleine expérience et rencontrer des gens incroyables, vous devez rester dans les auberges de pèlerins, et ça, ce n’est pas pour tous. Il ne faut pas avoir d’attentes… juste vivre dans le moment! ».
Même après son retour, Hélène dit avoir gardé une paix intérieure. « Ils disent qu’on ne revient pas la même personne et je le crois. Je suis plus consciente de mes gestes et j’ai plus le désir d’entraide pour des choses banales comme ouvrir la porte à quelqu’un ou rendre visite à ma voisine âgée de 85 ans. Je suis plus consciente des gens autour de moi et de l’impact qu’on a sur l’autre… je suis encore un peu dans mon nuage. »