Article rédigé par Stephanie Thompson, Agente de marketing pour l’École de gestion Telfer à l’Université d’Ottawa. Version originale disponible ici : Diriger avec impact : des femmes médecins discutent d’autonomisation et de legs
Ce qu’il faut savoir
- Le 5 mars 2025, les Programmes pour cadres Telfer ont présenté Diriger avec impact : les femmes transforment les soins de santé. À cette table ronde inspirante, des dirigeantes ont discuté des défis et des possibilités de leadership en médecine pour les femmes dans le contexte de la Journée internationale des femmes.
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« Les leaders ne sont pas à la recherche de pouvoir, mais plutôt d’impact. On n’a pas à se sentir mal de vouloir devenir PDG. Parfois, lorsqu’une femme dit qu’elle veut réaliser quelque chose, on lui répond qu’elle peut le faire, maintenant. Mais ce n’est pas une question de permission; c’en est une de vocation. Le désir de diriger ne vient pas d’une volonté de se bâtir un meilleur CV, mais plutôt de changer les choses. »
Cette idée percutante d’Elizabeth Tanguay a été partagée durant la table ronde inspirante organisée dans le cadre de la Journée internationale des femmes au Campus pour cadres de Telfer le 5 mars 2025. Incontournables pour le développement du leadership dans les organismes de soins de santé et chez les professionnelles et professionnels de la santé, les Programmes pour cadres Telfer ont eu l’honneur d’accueillir la table ronde Diriger avec impact : les femmes transforment les soins de santé, où des femmes ont pu échanger et retracer leurs parcours de leadership.
Le thème principal de la Journée internationale des femmes de 2025 était l’accélération du mouvement. Cet appel à l’action a été choisi en réaction aux données du Forum économique mondial, qui montrent qu’il faudra cinq générations – ou jusqu’en 2158 – pour combler l’écart entre les hommes et les femmes. L’accélération du mouvement est un important appel à s’attaquer de manière dynamique et urgente aux obstacles et aux préjugés d’ordre systémique rencontrés par les femmes, autant dans la sphère personnelle que professionnelle.
Panélistes
La table ronde de la Journée internationale des femmes de Telfer était constituée d’un groupe diversifié de dirigeantes, rassemblées pour témoigner de leur expérience du leadership au féminin en tant que médecins dans le système de santé canadien :
- Dre Guylaine Lefebre, directrice générale à la retraite, Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada
- Dre Foluso Hafeezat Ishola, résidente en santé publique et médecine préventive, Université d’Ottawa
- Dre Chantal D’Aoust-Bernard, médecin-cheffe, Hôpital Montfort
- Modératrice : Elizabeth Tanguay, directrice générale, Montfort Renaissance

La modératrice Elizabeth Tanguay a ouvert la discussion avec des éléments de réflexion sur les progrès des droits des femmes. Historiquement, les femmes non racisées ont le droit de vote depuis seulement 108 ans, l’affaire « personne » du Canada a eu lieu il y a 95 ans, et les femmes ont le droit d’obtenir une carte de crédit sans autorisation du mari depuis 50 ans; dans son allocution, Mme Tanguay a clairement souligné que malgré les grandes avancées réalisées par les femmes en si peu de temps, bon nombre des droits actuellement tenus pour acquis sont en réalité tout récents.
« On a fait beaucoup de progrès dans les 150 dernières années, et ce progrès est précieux, a affirmé Mme Tanguay. On ne doit pas le tenir pour acquis. Les droits sont constamment menacés, et avec les privilèges viennent les responsabilités. Les femmes médecins ont contribué à ériger un système qui tient désormais compte des besoins de santé propres aux femmes. En agissant à titre non seulement de médecins, mais également de leaders, les femmes améliorent le système de santé pour leurs semblables et pour toute la population. »
Le leadership au féminin en médecine : un point de vue multigénérationnel
La table ronde était composée de femmes – et de points de vue – de trois générations distinctes de leadership. À la question « Pourquoi la Journée internationale des femmes est-elle importante? », la Dre Chantal D’Aoust-Bernard a expliqué être étudiante en médecine lors de la tuerie de l’École Polytechnique de 1989. L’attentat était et continue d’être un rappel douloureux des préjugés et de la violence fondée sur le genre que vivent les femmes, particulièrement celles dans des domaines traditionnellement masculins. Elle a invité les femmes du public à garder la tête haute et à avoir confiance en leurs aptitudes de leadership.
« Au fil de ma carrière, des portes se sont ouvertes à moi, mais j’en ai moi-même ouvert d’autres, a raconté la Dre D’Aoust-Bernard. Lorsqu’on demande, au pire, on essuie un refus, mais on peut aussi se faire dire « oui »; ça a toujours été ma façon de penser. Même en tant qu’étudiante en médecine, je trouvais des possibilités que les autres résidentes et résidents ne voyaient pas. On venait me demander comment j’en étais arrivée là. J’ai tout simplement demandé! »
Pour décrire leur parcours de leadership en un mot, la Dre Guylaine Lefebvre a utilisé l’adjectif « gratifiant », la Dre Foluso Hafeezat Ishnola, « délibéré », et la Dre Chantal D’Aoust-Bernard, « inopiné ».
Les réflexions de la Dre Lefebvre, maintenant retraitée, sur son parcours de leadership ont interpellé le public. Elle a souligné que le véritable leadership nécessite une volonté de renoncer au pouvoir. Les leaders, a-t-elle précisé, sont aussi des personnes qui enseignent; pour diriger efficacement, il faut outiller les autres et renoncer à la gratification instantanée que procure le fait de tout faire soi-même. C’est seulement à ce moment que le leadership a des retombées durables.

« Je vois la Journée internationale des femmes de deux manières : avec optimiste, mais en sachant qu’il reste beaucoup à faire, a expliqué la Dre Lefebvre. Concentrons-nous sur toutes nos victoires; plutôt que de déplorer le fait qu’auparavant, nous n’étions pas considérées comme des personnes, je préfère marcher près du monument des Célèbres cinq à Ottawa et penser à toute la reconnaissance que j’éprouve envers les femmes qui m’ont précédée. En même temps, j’ai eu la chance de voyager à l’étranger et je pense à tout le travail qu’il reste à faire pour la santé des femmes dans de nombreuses régions du monde. Nous n’avons pas toutes les réponses ici, mais nous sommes certainement appelées à aider le plus possible. »
Dans une discussion sur l’équilibre entre la réalisation des ambitions et les engagements personnels, la Dre Foluso Hafeezat Ishola a parlé de son expérience, alors qu’elle achevait son doctorat tout en élevant deux jeunes enfants et en immigrant au Canada. Elle souligne que dans des circonstances aussi difficiles, les jeunes leaders doivent être à l’aise de dire « non », d’établir des limites saines et d’opter pour ce qui appuie leur vision du leadership à long terme.
« Le mentorat a été déterminant pour m’encourager à saisir les occasions, a indiqué la Dre Ishola. Je me demande toujours si je suis qualifiée pour le poste, je me remets constamment en question. Mais il faut toujours aller de l’avant et soumettre sa candidature : si on se donne le défi de devenir une leader, on doit sortir de sa zone de confort et se tourner vers l’inconnu. »
Réflexions inspirantes pour l’avenir
Lors de la période de questions, une participante a levé la main, non pas pour poser une question, mais pour réciter un poème qu’elle a composé en réponse à la discussion. Quand Thirusha Naidu, Ph.D., a lu sa composition à voix haute, l’assistance a été profondément touchée par sa magnifique immortalisation des discussions du matin.
« Ma formation à titre de psychologue clinicienne m’incite à écouter attentivement les idées d’autrui, a expliqué la Dre Naidu à propos de son poème. Je m’intéresse à différents processus, comme les méthodes artistiques, qui sollicitent des parties du cerveau que les méthodes traditionnelles ne visent pas nécessairement. Lorsqu’une personne réagit émotionnellement, elle traite l’information et perçoit le monde et les expériences d’un autre angle. Pour rédiger ce poème, j’ai utilisé la technique de la poésie retrouvée. Elle consiste à écouter attentivement les paroles exactes de l’oratrice ou orateur tout en tenant compte des thèmes et des grandes trames narratives dans leur contexte. Ça peut sembler simple, mais il faut des années pour parvenir à développer sa capacité d’écoute afin d’intégrer les mots exacts de l’oratrice ou l’orateur dans un poème qui évoque des émotions et va droit au cœur. C’est une méthode de recherche décoloniale axée sur la perspective de l’oratrice ou orateur qui reflète ses paroles et demande aux chercheuses et chercheurs ou aux poètes d’écouter avec un profond respect. »
« J’espère que l’énergie actuelle se réverbérera dans l’avenir, a souhaité la Dre Naidu. Comment peut-on infuser les apprentissages d’aujourd’hui dans la société et les milieux de travail, de sorte que dans 20 ans, les femmes n’aient pas à mener les mêmes luttes? Je souhaite que nous puissions encourager les leaders de tous horizons à adopter un type de leadership inclusif pour tout le monde. »
À la fin de la matinée, les participantes et participants ont eu du temps pour échanger et discuter des réflexions inspirantes soulevées durant la table ronde. L’assistance était heureuse d’avoir la possibilité de réseauter avec d’autres leaders de toute identité de genre, puisque les relations et la communauté sont essentielles à tout leader qui entame le parcours ardu qui l’attend.
Pour savoir en quoi les Programmes pour cadres Telfer peuvent aider les femmes leaders à réaliser leurs ambitions professionnelles et de leadership, consultez le programme Le leadership au féminin : déterminées et sans limites, qui prend fin le 19 septembre 2025.