Le nouveau guide alimentaire canadien : pourquoi on s’emballe?

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Le nouveau Guide alimentaire canadien est sur tous les écrans, dans tous les quotidiens et sur toutes les lèvres depuis sa sortie le 22 janvier dernier.

Saviez-vous que le premier Guide a vu le jour en 1942? Depuis, la nutrition est une science qui avance rapidement et dont les trouvailles scientifiques sont au cœur des débats. Alors, qu’y a-t-il de nouveau avec celui-ci? Pourquoi s’emballe-t-on?

La métamorphose : adieu l’arc-en-ciel

Au premier coup d’œil, on voit que le guide alimentaire canadien a pris un virage : fini les portions et fini les groupes alimentaires. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement? L’ancien guide sorti en 2007 recommandait des quantités ainsi que des grosseurs de portions précises à consommer quotidiennement selon son âge et son sexe. Bien que ceci ait pu avoir une utilité pour certains individus, il demeurait irréaliste de demander à la population de mesurer les aliments qu’ils mangent à chaque repas et collations.

« Je suis certaine que pour la population en général, ce sera beaucoup plus clair et facile à comprendre, » explique Catherine Pouliot, diététiste à Montfort.

On parle maintenant de proportions: peu importe votre âge et votre sexe, on vous encourage à dédier la moitié de votre assiette aux légumes et fruits, le quart aux grains entier et le dernier quart, aux protéines. Cette stratégie devient plus pratique à adopter au quotidien.

Image d'une assiette divisée en trois sections : fruits et légumes, grains entiers, protéinesOn a dit adieu au symbolique arc-en-ciel des groupes alimentaires. Autrefois, on retrouvait quatre groupes: les légumes et fruits, les produits céréaliers, le lait et ses substituts ainsi que les viandes et substituts.

Avec le changement de ces groupes, est-ce que cela veut dire qu’on ne doit plus consommer de produits laitiers? Pas du tout! Les aliments ont simplement été regroupés autrement. Les viandes et substituts ainsi que le lait et ses substituts font maintenant partie d’un seul et unique groupe : les protéines. En effet, les deux anciens groupes sont d’importantes sources de ce nutriment.

Le nouveau guide met l’accent sur les protéines végétales. Est-ce que cela veut dire que tout le monde doit devenir végétarien? Pas du tout! Il est connu que la viande rouge et la volaille sont de plus importantes sources de gras saturés (mauvais gras). En optant pour des protéines végétariennes comme les légumineuses, le tofu et le tempeh, on contribue à diminuer sa consommation de matières grasses. Bonus, on fait une bonne action pour l’environnement, car la production de viande n’est pas une des pratiques les plus écologiques. Au final, la recommandation ne dit pas de bannir la viande, elle dit plutôt de choisir plus souvent des protéines végétales.

Un autre grand changement est la suggestion de consommer de l’eau comme première source de boisson. Auparavant, les jus pouvaient compter comme étant une portion de fruit ou de légume, mais ce temps est révolu, car on sait maintenant qu’ils sont souvent riches en sucres ajoutés. On recommande plutôt de consommer du jus avec modération et de toujours offrir l’eau en premier choix aux petits comme aux grands.

Un truc pour suivre le guide? « Choisissez un objectif qui vous plaît et qui sera facilement atteignable, » nous disent nos diététistes. « Par la suite, incorporer les autres changements un à la fois! »

La nutrition, c’est bien plus que des aliments

Un aspect important qui a été intégré au nouveau guide est la considération des saines habitudes alimentaires en dehors de la consommation des repas mêmes. On parle notamment de manger en pleine conscience afin de reconnaître les sensations de faim et de satiété, de cuisiner plus souvent ses propres repas, d’inclure les traditions et les cultures dans l’alimentation et l’importance de prendre nos repas en bonne compagnie.

Manger sainement, c’est aussi choisir plus souvent des aliments moins transformés, savoir lire les étiquettes nutritionnelles et faire attention au marketing alimentaire.

On oublie souvent que la nutrition englobe plusieurs aspects et qu’elle a elle-même une grande influence sur d’autres sphères de notre vie. Par exemple, on recommande aux personnes âgées vivant en résidence de manger dans les salles communes afin de briser l’isolement.

Et dans la pratique professionnelle?

Alors que le nouveau guide enflamme les débats sur les médias sociaux, quelle est son influence réelle dans la pratique professionnelle? Tout d’abord, il faut soulever que le guide de 2007 a été critiqué à maintes reprises. Les diététistes réclamaient depuis des années un changement urgent dans l’approche alimentaire recommandée par Santé Canada. En effet, plusieurs diététistes utilisaient déjà une vision similaire au nouveau guide dans leur pratique, c’est-à-dire l’image de l’assiette santé et être à l’écoute de sa faim et de sa satiété et ce, bien avant la sortie du guide en janvier.

Le nouveau guide a rattrapé la pratique actuelle!

Est-ce qu’on pourra réellement se départir des portions dans la pratique clinique? Difficile à dire, puisque plusieurs outils sont encore basés sur ce concept et qu’il permet réellement d’analyser les habitudes alimentaires de certains patients. Or, des ressources complémentaires dédiées aux professionnels de la santé devraient être publiées plus tard cette année.

Restez à l’affût pour la suite de ce vent de fraîcheur!

Ce que nos diététistes apprécient le plus du nouveau guide

  • L’utilisation de l’assiette santé au lieu des portions
  • La mise en garde face au marketing alimentaire
  • Faire de l’eau la boisson de choix
  • Attire l’attention sur la consommation de grains entiers et des aliments protéinés d’origine végétale (comme les légumineuses et le tofu)

Les éléments clés à retenir

  • Garnissez votre assiette généreusement de légumes et fruits avant d’y ajouter les grains entiers et les protéines.
  • Essayez de choisir une option végétarienne plus souvent.
  • Cuisinez fréquemment à la maison quand vous le pouvez.
  • Privilégiez une alimentation variée et équilibrée: trop d’un aliment, même s’il est sain, deviendra nuisible.
  • Consultez un diététiste : ce sont les vrais spécialistes et professionnels de la nutrition.
  • Prenez le temps de déguster vos aliments et surtout, prenez plaisir à manger.
Anna est une étudiante de 4e année en nutrition à l'Université d'Ottawa. Elle complète actuellement un stage en nutrition communautaire à la clinique ambulatoire cardiovasculaire et pulmonaire. Elle adore le plein air, le CrossFit et s'entraîne pour un triathlon. Au printemps, elle quittera Ottawa pour s'installer de façon permanente au Yukon.