La jambe bionique de Caroline

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Caroline Roy-Egner, vice-présidente des ressources humaines, s’est toujours considérée comme une personne assez active. Tout a changé durant les vacances du Nouvel An, au début 2018.

Je joue au golf, je skie, je surfe… je ne me suis jamais rien cassé et je n’ai jamais eu de plâtre. Mais en janvier, j’ai eu un accident de ski pendant des vacances en famille au chalet. Tout s’est passé très vite, dans un moment presque « banal ».

En l’espace de quelques secondes, j’ai perdu ma mobilité, avec des déchirures complètes aux ligaments du genou. Je suis passée de « personne en vacances au chalet » à « personne incapable de me déplacer et de prendre soin de moi ».

Quand les paramédics m’ont évaluée, ils ont décidé de m’envoyer au centre de traumatologie du Civic puisqu’ils craignaient un traumatisme crânien. Je me considère comme bilingue, mais quand les spécialistes parlaient de mon cas en anglais, j’ai bien compris l’importance d’avoir des soins dans sa langue! En plus de la douleur, j’ai dû attendre quelques jours avant d’avoir un diagnostic; donc j’avais des craintes sur ce que le futur me réservait.

Surtout, j’ai vécu le choc complet de devenir dépendante à 100% des gens pendant un certain temps. Ça m’a frappé à 200 milles à l’heure. On a beau penser qu’on travaille dans un hôpital, qu’on voit ça tous les jours… on n’est pas prêt quand ça nous arrive.

Première réalisation: ma maison n’était pas adaptée à mes besoins! On a commencé par adapter mon environnement , tout en gérant une douleur aiguë et en commençant la réadaptation le plus tôt possible.

Quand les vacances scolaires ont terminé et que mes enfants sont retournés à l’école, j’ai ressenti un sentiment d’isolation de rester à la maison. Heureusement, j’ai eu la chance de reprendre des taches graduellement avec le télétravail. Chaque étape que j’ai dû franchir était un apprentissage, j’avais l’impression de repartir de zéro. Même en télétravail, ma jambe était très enflée quand je prenais une pause après être restée assise pendant quatre heures…

J’ai dû ré-apprendre tous les mouvements du quotidien, un à un.

À mon retour au travail, au début les gens me regardaient comme une extraterrestre parce que je me promenais avec ma « jambe bionique » et mes bâtons de marche dans l’hôpital, mais c’était la suggestion de mon physiothérapeute pour avoir une meilleure posture et permettre une guérison plus rapide.

Les gens à Montfort ont été extraordinaires. Des membres du personnel, des visiteurs et même des patients, tout le monde m’offrait de l’aide. Les gens couraient devant moi dès que j’entrais dans leur champ de vision afin de m’ouvrir une porte. J’ai ressenti de la vraie compassion.

Pour avoir vu beaucoup de gens qui partent en congé prolongé et qui souffrent d’isolement… il faut rester actif. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide, et ne pas se sentir mal à l’aise d’accepter l’aide que les gens t’offrent généreusement.  Ça a été la clé dans mon rétablissement.

L’expérience m’a beaucoup appris, autant sur moi-même que sur les défis liés à l’accessibilité.

En bout de ligne, ce n’est pas un « gros bobo »; il y a des gens qui ont des conditions médicales bien pires que moi!

Mais je me sens maintenant beaucoup plus apte à être une championne de l’accessibilité, et je vais rester très attentive aux défis des gens qui se déplacent plus difficilement.